Le développement d'un tissu de petites entreprises est un facteur vital de la croissance économique La Banque mondiale a fait du développement de la microfinance, depuis des années, une priorité absolue partout où elle intervient. «En Tunisie, l'histoire de la microfinance reste à écrire. La situation est longtemps restée embryonnaire dans ce domaine, avec un marché partagé entre deux opérateurs évoluant sans cadre réglementaire, sans autorité de contrôle et sur des «business models» empêchant une concurrence saine et loyale, pourtant garante d'un fonctionnement dynamique et servant au mieux les intérêts des Tunisiens et de leur économie», souligne Mme Eileen Murray, représentante résidente du bureau de la BM à Tunis. Un frémissement est ressenti depuis la révolution. Des actions décisives ont été menées par les gouvernements successifs. Parmi les décisions figure l'adoption d'une loi sur la microfinance et la mise en place d'une autorité de régulation. Une loi permettant aux institutions de microfinance d'obtenir leurs licences et leur interdisant d'exercer hors du cadre réglementaire. La BM « entend accélérer ce mouvement pour permettre au marché de la microfinance d'atteindre un million de bénéficiaires potentiels en Tunisie ». Mieux encore, avec la ligne de crédit de 72.6 millions d'euros qu'elle a accordée récemment à la Tunisie, elle souhaite que cette initiative «assure un démarrage rapide et relativement massif au développement de la microfinance et un accroissement du nombre d'activités génératrices de revenus pour la population». Les petites et moyennes entreprises forment la base de toutes les économies et sont «une source essentielle de croissance économique, de dynamisme et de flexibilité aussi bien dans les pays industrialisés avancés que dans les économies émergentes et en développement, car elles jouent un rôle essentiel dans la création d'emplois». En l'absence de réformes d'envergure dans le secteur financier, les PME tunisiennes continuent de faire face à des difficultés pour accéder au financement au vu de leur taille et de leurs capacités. L'objectif majeur du gouvernement est «d'aider le secteur privé tunisien, notamment les petites et moyennes entreprises, qui représentent 80% du tissu économique à faire face à un environnement économique des plus difficiles et à pouvoir surmonter les obstacles entravant leur accès aux opportunités de financement». Le développement d'un tissu de petites entreprises est un facteur vital de la croissance économique, car les PME sont de grandes créatrices d'emplois et de valeur ajoutée dans toutes les régions. Le rôle des banques tunisiennes s'avère ainsi essentiel dans le développement de l'économie, notamment à travers la création, le financement et le développement des PME. «L'accès aux crédits est donc une condition essentielle de l'éclosion des PME, segment attrayant pour les banques, puisqu'elles leur permettent de maximiser leur liquidité, de diversifier leur portefeuille, de faire face à la concurrence et la réduction des parts de marché». Toutefois, les PME rencontrent des difficultés au niveau de l'octroi des financements nécessaires auprès des banques, des marchés financiers ou d'autres bailleurs de fonds, qui sont beaucoup moins ouverts à leurs demandes qu'à celles des entreprises de plus grande taille pour les aider à créer et étendre leur activité, développer de nouveaux produits et investir dans de nouvelles recrues ou de nouveaux sites de production. Le financement additionnel de 72.6 millions d'euros que la BM a accordé récemment, dans le cadre d'un accord, comprend une composante innovante par l'introduction de deux nouveaux axes pour encourager le financement de la microfinance et développer les « fonds patients » pour les petites et moyennes entreprises. L'objectif est aussi de permettre aux PME précédemment solvables de conserver cet accès.