Après le pesage à la livre pour des produits devant être vendus au kilo, il est possible d'en arriver à vendre des articles comme les bananes ou le poisson à... la pièce ! Il n'y a pas longtemps, on s'était attendu à ce que les prix des viandes rouges augmentent de façon vertigineuse. On n'a pas besoin d'être un expert en la matière pour l'affirmer. Vu que les bouchers se rebiffent et refusent d'appliquer les lois et les mesures prises par le ministère du Commerce, la situation ne peut qu'empirer pour le consommateur. Allant à la dérive, les prix ont atteint des plafonds inouïs. Qu'on en juge ! Certains bouchers n'ont nullement froid aux yeux quand ils annoncent que le prix du kilo d'agneau est de... 25 dinars. Pire, le kilo de saucisses est à 15 et 16 dinars. Des saucisses « spéciales » tiennent-ils à préciser. Lorsqu'on regarde de près, on constate que la saucisse coûte... 500 millimes ! Déjà le même son de cloche est à noter du côté des poissons. Si l'on compte par pièce, on voit que le poisson coûte jusqu'à 1 dinar et plus selon l'espèce. Il en va de même pour la banane. Elle aussi vaut parfois plus que 500 millimes. Actuellement, ce qui est à la mode, ce sont les œufs. Un œuf (s'il en existe) est à 200 millimes. Du jamais vu ! De là à parler d'un dinar les quatre œufs, il n'y a qu'un pas que les spéculateurs franchiront allègrement d'ici peu. Il y a 40 ans ou un peu plus, les quatre œufs revenaient à 20 millimes ! Tout cela nous permet de dire qu'un jour prochain (qui ne sera, sûrement, pas très loin), on devra faire ses courses à la pièce. Chez le marchand de légumes, on pourra acheter une carotte, un navet, etc. Chez le marchand de fruits, on demandera, désormais, une pomme (il y en aura des pièces à 500 millimes ou à 1 dinar sans aucun doute), une poire... Sans trop caricaturer, il est possible d'en arriver, à ce rythme, à acquérir, un jour, des olives ou des raisins à l'unité ! En conclusion, les commerçants et les producteurs n'ont rien voulu voir. Le mot solidarité nationale ne veut-il rien dire à leurs yeux ? Le moment délicat par lequel passe le pays mérite bien que cette catégorie de Tunisiens tende la main à ses concitoyens. Il ne serait pas bon de fermer les yeux devant les difficultés que rencontrent les consommateurs. Ces derniers ne demandent rien. Tout au plus ces commerçants devront-ils jouer leur rôle sans dépasser les limites et ne pas chercher à se placer au-dessus des lois. On s'étonne, en effet, de voir les commerçants (petits et grands) se plaindre de leur situation et demander l'aide de l'Etat. Idem pour les agriculteurs qui appellent à ce qu'on efface leurs dettes. Ils oublient que c'est l'argent du contribuable qui va payer la caisse. Pourquoi n'y a-t-il pas de bonne gestion des prêts ? Et ce consommateur à qui on demande tout ne peut-il rien recevoir ?