Vous avez dit mercato? Un bien grand mot quand on sait que les clubs sont dans la dèche. D'autre part, le comportement de Youssef Blaïli commence à agacer plus d'un. Et pas uniquement à l'Espérance. Enfin, le retour de Roger Lemerre parmi nous suscite curiosité et attente. Quel mercato? «Faut pas jouer aux riches quand on n'a pas le sou!», chantait le grand Jacques Brel. Justement, pour avoir trop souvent joué aux riches sans avoir beaucoup de sous, les clubs tunisiens se sont retrouvés face à une triste réalité: celle de ne plus pouvoir se permettre les habituelles gâteries. La crise et la révolution sont passées par là, sans pour autant en tirer toutes les leçons qui s'imposent. La principale, c'est qu'hormis l'Espérance et le Club Africain dont les présidents peuvent encore se permettre quelques folies, tous nos clubs sont en grosse difficulté, accumulent les déficits et ont de la peine à assurer salaires, primes et arriérés de leurs joueurs et de leur cadre technique. Le deuxième constat, c'est que très peu d'étrangers apportent le plus en ce moment et que la plupart d'entre eux se plaignent des difficultés financières des clubs où ils évoluent. Le troisième constat —et c'est là le plus important—, la politique de la formation tarde à se mettre en place, et ce, en dépit des déclarations d'intention. L'absence d'une infrastructure pouvant accueillir ces jeunes. L'abandon du projet de réaménagement de l'emploi du temps scolaire trois ans et trois ministres des Sports après la révolution. L'instabilité du cadre technique et dirigeant Enfin, l'absence de véritables projets sportivement et financièrement indépendants de jeunes dans nos clubs avec, pour objectif, leur passage chez les seniors. Le mercato en devient du coup morose et l'on attendra probablement que le Club Africain et l'Espérance bougent pour nous mettre quelque chose sous la dent. Pour quels résultats? Ça, personne ne le sait, même si les dernières statistiques n'incitent pas à l'optimisme. Blaïli : un peu de modestie... Cela fait des mois que Blaïli joue à la starlette, s'annonce partout et que son rendement est en baisse. Résultat : il a perdu sa place de titulaire dans une Espérance pourtant pas au top, qui souffre de plusieurs absences en attaque et il n'est toujours pas parti ailleurs comme il se plaît à le faire croire. Pis encore, le joueur traîne quelques kilos de plus et ne fait même pas partie de l'intérêt du sélectionneur algérien, Vahid Halilhodzic, à cinq mois de la phase finale de la Coupe du monde. Ni lui ni l'autre «vedette» algérienne du Club Africain, Djabou. Motif évoqué du désir de départ de Youssef Blaïli : faire partie de la liste des joueurs algériens en partance pour le Brésil. Or, pour partir là-bas, il faut cartonner dans son club. Ce que ne réussit pas à faire depuis quelque temps Blaïli, et encore moins Djabou. Or, si l'on s'amuse à vérifier ce que nos deux compères gagnent dans leurs clubs respectifs et ce qu'ils perdent en n'allant pas au Brésil avec l'équipe d'Algérie, il y a de quoi s'alarmer. Une chose est sûre : l'Espérance a bien fait de reléguer Blaïli sur le banc des remplaçants. Alors que Djabou a tout intérêt à redevenir le joueur de la saison dernière. Et même un peu plus... A propos de Roger Lemerre... Le retour de l'ex-sélectionneur des équipes de France et de Tunisie n'est pas passé inaperçu. C'est le moins qu'on puisse dire. Il faut dire que, dans le bien comme dans le mal, son passage parmi nous a été remarquable. Une victoire à la CAN en 2004 mais aussi une grosse polémique qui a divisé la Tunisie entière et fini par pourrir la situation tant en équipe nationale, à la fédération que dans le paysage médiatique sportif. Ce qu'on lui reprochait : son attitude cassante et parfois méprisante vis-à-vis des médias et son football défensif. L'homme dit ne pas avoir changé mais on l'a retrouvé plus décontracté et plus ouvert lors de sa présentation aux journalistes de Sousse. A ceux qui craignent un procès d'intention de la part des journalistes, nous disons tout simplement que nous n'avons aucune intention d'en faire un à Roger Lemerre et que nous jugerons son œuvre et son attitude le plus objectivement possible!