Plusieurs dizaines d'activistes qui se sont rassemblés dans le centre du Caire en dépit d'une nouvelle loi restreignant le droit de manifester, ont été arrêtés LE CAIRE (Reuters) — La police égyptienne a tiré des grenades lacrymogènes et au canon à eau hier pour disperser des militants pro-démocratie qui s'étaient rassemblés dans le centre du Caire en dépit d'une nouvelle loi restreignant le droit de manifester. Les policiers anti-émeute sont d'abord intervenus contre des manifestants qui entendaient commémorer la mort d'un activiste libéral tué au cours d'affrontements avec les forces de l'ordre il y a un an. Les protestataires s'étaient rassemblés près du syndicat de la presse, lieu de ralliement traditionnel des opposants à l'époque du président déchu Hosni Moubarak, sans demander au préalable l'autorisation du ministère de l'Intérieur, comme le leur impose la nouvelle loi. La police a ensuite brutalement dispersé un autre cortège qui s'était constitué devant le Maglis El Choura, la chambre haute du Parlement, pour dénoncer les procès de civils devant des tribunaux militaires, pratique autrefois courante remise au goût du jour depuis la destitution du président Mohamed Morsi par l'armée en juillet. «A bas le régime militaire», ont scandé les manifestants, reprenant un slogan souvent entendu en 2011-2012, pendant la période de transition gérée — déjà — par le Conseil suprême des forces armées. Plusieurs dizaines d'activistes ont été arrêtés, selon des témoins et l'agence de presse officielle Mena, dont des figures historiques du soulèvement contre Hosni Moubarak en 2011. «Nous appliquons la nouvelle loi», a commenté un responsable de la police. La loi sur les manifestations adoptée dimanche interdit les rassemblements dans les lieux de culte et permet au ministère de l'Intérieur d'opposer son veto à tout rassemblement de plus de dix personnes. Elle vise particulièrement les Frères musulmans, qui ont multiplié les manifestations depuis l'éviction du président islamiste Mohamed Morsi, mais qui n'étaient pas à l'origine des rassemblements d'hier. Les organisations des droits de l'Homme, les Nations unies et les Etats-Unis ont critiqué la nouvelle loi en jugeant qu'elle donne les pleins pouvoirs à la police et constitue un grave retour en arrière en matière de libertés publiques par rapport aux acquis de la «révolution du Nil» de 2011.