Les journalistes des radios publiques crient à l'ingérence de l'administration dans leurs lignes éditoriales. Suite à l'appel du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) aux journalistes des radios publiques à observer une grève pour protester contre les récentes nominations, la journée d'hier a connu une adhésion de la quasi-totalité des journalistes des différentes radios publiques dans les régions à cette action de protestation. Une grève qui serait suivie par d'autres actions de protestation dans le cas où le gouvernement continuerait de camper sur ses positions. En effet, la grève, soutenue par le Syndicat général de l'information et de la culture relevant de la centrale syndicale, l'Ugtt, a été engagée suite à plusieurs décisions consacrant l'ingérence de la direction dans les lignes éditoriales des radios publiques, et notamment les récentes nominations décidées par le Président-directeur général de l'Etablissement de la radio nationale, Mohamed Meddeb. Des nominations qui ont touché cinq radios publiques régionales, à savoir : Radio Nationale, Radio Jeunes, Radio Culturelle, Radio Gafsa et Radio Tataouine. La grève a été programmée durant la journée et des actions de protestations ont été organisées dans la matinée devant les différentes radios régionales relevant du secteur public. D'après le membre du bureau exécutif du Snjt, Aymen Rezgui, la grève a connu l'adhésion des journalistes à plus de 90% dans toutes les radios régionales. « Nous avons programmé une série d'actions de protestations qui ne manquaient pas d'originalité, et ce, pour défendre la liberté d'expression et de la presse. Le bureau exécutif de notre syndicat se penchera demain sur l'évaluation de cette grève pour se décider quant aux prochaines actions de protestation mais aussi en fonction de la réaction du gouvernement à propos de cette affaire de nominations. Certains éléments laissent présager un laxisme, qui est récurrent, puisqu'on est plutôt concentré sur la crise politique du pays. Les gouvernements qui se succèdent depuis deux ans ont opté pour des politiques médiatiques qui n'ont fait qu'échouer», a enchaîné Rezgui. Le syndicaliste prévient une escalade si on retient un jour de paie sur les salaires des journalistes en grève, comme l'a annoncé un communiqué de la direction générale de la radio tunisienne rendu public le week-end dernier. Sit-in ouvert à Radio Tataouine La nomination qui a été la plus contestée est celle de Sami Belhaj à la tête de Radio Tataouine en remplacement de Thameur Zoghlami. Alors que le limogé n'est autre qu'un syndicaliste de l'Ugtt, son remplaçant, professeur d'histoire et de géographie, qu'on accuse d'être très proche du mouvement Ennahdha ; ce qui met en péril, selon le Snjt, la ligne éditoriale de ladite radio. D'ailleurs, un sit-in ouvert a été entamé, depuis lundi, par les journalistes ainsi que le personnel de Radio Tataouine, qui ont protesté contre la nomination du nouveau directeur qu'ils ont qualifié de «parachuté». Le personnel de ladite radio a affirmé son attachement à la préservation de la ligne éditoriale de la radio, indiquant qu'il compte poursuivre son sit-in jusqu'au départ du nouveau directeur, comme l'a affirmé le membre de la section de la région sud-est du Snjt, Abdessalem Abdelaziz. Pour sa part, le directeur de la radio, Sami Belhaj, a dit accepter à contre-cœur de travailler dans son bureau en présence des sit-inneurs, sans exclure la possibilité de poursuivre en justice toute personne qui s'avise à entraver le bon fonctionnement de la radio. D'autre part, hier et depuis 6h, les journalistes des différentes radios publiques régionales sont entrés en grève, tout en assurant un «service minimum» pour ne présenter que des journaux d'information réduits aux couvertures relatives à la grève et des émissions de débats autour d'elle. A Tunis, quelque deux cents personnes ont engagé une action de protestation de 10h jusqu'à 13h devant le siège de la Radio nationale. Ont pris part à cette protestation des journalistes de la Radio nationale, la Radio culturelle, la Radio jeunes, outre les syndicalistes du Snjt et de l'Ugtt, des membres de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), des représentants de la société civile, des universitaires du secteur des médias et des représentants de partis politiques. Les slogans qui ont été scandés et les banderoles qui ont été brandies ont porté sur le refus du système de désignation, l'ingérence de l'administration dans la ligne éditoriale des radios et des médias. Ils ont prôné une information libre et impartiale, loin des tiraillements politiques, et notamment de la propagande partisane, tout en visant Ennahdha.