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« Nous sommes passés du silence des cimetières aux cohues parlementaires »
Entretien : Hatem M'rad, professeur de science politique et président-fondateur de l'Association tunisienne d'études politiques
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 06 - 2013

L'image de l'ANC relève du politique, c'est pourquoi nous avons sollicité un politologue, qui nous donnera son avis d'expert sur la question
Comment trouvez-vous l'image de l'ANC ?
L'image est en effet détestable, et c'est malheureux qu'il en soit ainsi après une belle révolution. Je crois que le fait que les islamistes sont au pouvoir y est pour quelque chose. Les Tunisiens continuent à penser au fond d'eux-mêmes que non seulement Ennahdha a détourné l'esprit de la révolution, mais en outre s'apprête, au vu et au su de tout le monde, à changer le mode de vie des Tunisiens, leur modernité, leur culture, leurs lois; en un mot, leur vie. L'Assemblée devient un bouc émissaire, juste parce qu'elle est l'autorité légitime. C'est sur elle que retombe le plus naturellement possible la colère des Tunisiens.
A quoi est due cette violence verbale et physique des constituants qui ne se respectent pas les uns les autres ?
Les insultes, les quolibets, les railleries malveillantes, les violences verbales, c'est le lot quotidien des assemblées parlementaires. Nous, on est passés du silence des cimetières aux cohues parlementaires déchaînées. Le règlement intérieur des assemblées est fait pour ça, pour sanctionner les abus, les indisciplines et les propos indignes des députés. L'être humain apprend-il à parler ou à marcher d'un coup ? La vie politique tunisienne a besoin de trouver son rythme démocratique et son expérience démocratique et politique par elle-même. Regarder la démocratie à la télé ou la lire dans les livres, n'est pas la faire. Et les constituants d'aujourd'hui la font contre vents et marées. Moi, une semaine après la révolution, j'ai appelé à l'élection d'une assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle constitution. Je soutiens toujours cette idée. Pourquoi ? D'abord, parce que c'est une rupture avec l'ancien régime. Et il faudrait un symbole fort. Ensuite, parce que si on avait désigné des publicistes et des experts pour rédiger une nouvelle constitution ou même pour réviser l'ancienne, ils auraient eu un problème de légitimité vis-à-vis de l'opinion. Déjà, l'ANC, bien qu'élue, est reniée et rejetée, que dire d'un collège d'experts. Chaque parti voudra désigner son expert. Comme on l'a fait pour la Haute instance avec Yadh Ben Achour. Et on ne s'en sortira pas. Là le peuple a fait son choix. Il assume ses choix. Ceux qui ont voté sont censés être des électeurs majeurs et responsables, non ?
Ils ne respectent pas la présidence non plus ; le président Ben Jaâfar et ses deux vice-présidents sont parfois interpellés dans un vocabulaire dénigrant, presque humiliant.
Oui, privée d'un pouvoir qui lui échappe, l'opposition est acculée parfois à l'insulte et au dénigrement, même à l'encontre de personnalités comme le président de l'ANC ou ses deux vice-présidents. Elle sait fort bien que ce qu'elle perd en pouvoir, elle le gagne par des insultes qui, aussitôt proférées, sont aussitôt reproduites à l'instant même dans tous les sites et réseaux sociaux. On est à la fois à l'âge numérique et à l'âge démocratique, qui nous sont tombés dessus en même temps. D'ailleurs, même sans la présence des médias, les députés ou les fonctionnaires de l'Assemblée auraient réussi à verser leurs vidéos aux sites. Souvent les insultes sont du pur théâtre politique. Je préfère la violence verbale des débats institutionnels à la violence de la rue, assassinat ou attaque d'ambassade. D'ailleurs y a-t-il une personnalité politique qui n'a pas été insultée en Tunisie ? On a vite oublié Ben Ali et les Trabelsi et on s'acharne maintenant sur Marzouki, Ghannouchi, Ben Jaâfar, Jebali, Laârayedh, Essebsi, Chebbi, Hammami. Par ailleurs, l'élaboration de la constitution entre laïcs et islamistes, ennemis idéologiques, contribue à mettre les nerfs des constituants à vif, comme dans toute la population d'ailleurs. Chacun souhaite insérer ses principes fondamentaux de l'Etat, élargir ou restreindre les droits et libertés. Mission tout de même historique. Enfin, tout est nouveau à l'ANC : les hommes, le projet de constitution, la révolution, la coexistence entre laïcs et islamistes, la médiatisation. Cela explique aussi les tiraillements des uns et des autres des deux bords.
Comment jugez-vous le niveau des constituants, leur instruction, attitude, prestation ?
D'habitude, dans les assemblées constituantes, comme dans toute assemblée politique, on élit d'abord des candidats politiques. Les partis préfèrent mettre sur leurs listes des candidats qui ont de la valeur ou un profil politique, plutôt que des compétences notoires, mais inconnues du grand public ou qui ne sauront pas faire une campagne et gagner une bataille électorale. Personnellement, je ne suis pas contre les élus politiques, mais à condition qu'ils sachent, dans le cas d'espèce, associer des compétences appropriées pour la rédaction d'une constitution. Le mélange des politiques et des techniciens du droit est intéressant, car la constitution est autant une œuvre politique que juridique.
Sur le niveau des constituants, ce sont ceux qui ont bien voulu se présenter, puis qui ont réussi à se faire élire. Le peuple s'est prononcé. S'il n'y avait que les membres de l'élite à l'ANC, ils n'auraient probablement pas su non plus faire une constitution. Regardez le désarroi des constituants qualifiés à l'assemblée, quel que soit leur domaine. Ils n'arrivent pas à s'imposer dans le combat politique. Donc, soyons objectifs, l'inexpérience politique touche tout le monde. Espérons qu'à l'avenir, il y aura des élus ayant plus d'expérience politique. Le corps politique tunisien est en train de se constituer. N'oublions pas qu'il y a quelques mois, l'opposition réelle était clandestine, et beaucoup de membres de la classe politique étaient préoccupés par leurs métiers professionnels respectifs, d'autres observaient la vie politique en tant qu'intellectuels ou commentateurs.
Ils sont issus des urnes, C'est donc un miroir fidèle du peuple tunisien, il faudra s'en contenter ?
Comme quoi le peuple a beau être souverain, comme aiment à nous le rappeler les pense-bêtes du droit constitutionnel, il ne se trompe pas moins. Ceux qui étudient le mouvement des opinions publiques savent pertinemment que ce que le peuple veut aujourd'hui, il le reniera la semaine prochaine. Le peuple est versatile, il est ainsi fait, dans tous les pays. Je me souviens des peuples arabes qui ont adoré Saddam Hussein, quand il a annexé le Koweït en 1990 contre leur propre régime, puis ils lui ont complètement tourné le dos quand les Etats-Unis ont occupé l'Irak. Mais chez nous, c'est plus grave. Le peuple s'est renié au bout de quelques semaines après le 23 octobre. Et j'aimerais bien que les constitutionnalistes de la petite lucarne nous expliquent la nature de cette souveraineté changeante et non souveraine, au lieu de nous débiter des évidences trompeuses. La souveraineté est maintenant du côté des partis et mouvements se trouvant à l'extérieur de l'ANC (Nida Tounès, Jibha Echaâbia, Ugtt). Et ce sera dans ce sens un peuple souverain contre un autre peuple souverain. Par ailleurs, l'autre problème du peuple tunisien, c'est que plus du tiers des Tunisiens n'ont pas voté le 23 octobre. Et beaucoup de contestataires de l'ANC aujourd'hui se trouvent en leur sein.
Quels sont les éléments à l'origine de cette situation de crise ?
L'exclusion. Une assemblée constituante, fondatrice d'un nouvel ordre politique et constitutionnel, est supposée être fédératrice de toutes les opinions représentatives dans le pays. Elle a une obligation d'inclusion politique. Qu'est-ce que la politique ? C'est l'agrégation des intérêts, c'est-à-dire l'art d'intégrer le maximum de personnes possibles, et ne pas laisser trop de personnes à la marge. Il faut avoir une certaine élévation d'esprit pour savoir rédiger une constitution. Car une constitution, on sait comment elle va être faite, mais on ne sait pas toujours comment elle va marcher. Il faudrait faire de gros efforts pour deviner ou anticiper l'impact de son esprit général sur la marche des institutions. Cela est très difficile, c'est pourquoi l'association des vues des publicistes et des vues des élus d'expérience est nécessaire. Et au final, la constitution n'est pas une poésie, elle est un document politico-constitutionnel harmonieux.


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