Le ballet des consultations se poursuit, sur un rythme soutenu, au palais du gouvernement à la Kasbah. Ali Laârayedh, chef du gouvernement, continue à écouter hommes politiques, responsables des associations professionnelles et acteurs de la société civile. Hier, ce fut le tour de Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounès, et de Hamadi Jebali, ancien chef du gouvernement, de faire valoir leurs analyses de la situation actuelle du pays au niveau politique, social, économique et notamment sécuritaire. Au bout d'une attente qui a duré près d'une heure et demie (de 15h00 à 16h30), Béji Caïd Essebsi s'est présenté aux journalistes pour leur exposer des généralités qui les ont laissés sur leur faim. Le président de Nida Tounès s'est, en effet, contenté de relever qu'il a été invité par le chef du gouvernement «pour un round-up sur la situation du pays aux plans politique, économique et social et pour dégager les perspectives d'action en vue de faire face aux difficultés». Caïd Essebsi poursuit encore : «Notre discussion a été franche et claire. J'ai trouvé un chef de gouvernement conscient de l'acuité des problèmes posés et disposant d'une vision en vue de les résoudre. J'ai senti également une convergence de vues avec le chef du gouvernement sur plusieurs questions». A la question de savoir si le projet de loi sur l'immunisation de la révolution a été évoqué au cours de l'entretien, le président de Nida Tounès a précisé que «cette loi a été effectivement au centre de nos échanges. Maintenant, qu'elle passe devant l'ANC ou non, c'est l'affaire de ceux qui l'ont conçue». «Je suis toujours le S.G. d'Ennahdha» Hamadi Jebali, ancien chef du gouvernement, a été un peu plus prolifique dans ses déclarations pour dire surtout qu'il est toujours secrétaire général d'Ennahdha. «Les informations selon lesquelles j'ai abandonné mon poste de secrétaire général d'Ennahdha sont fausses. D'ailleurs, c'est une affaire interne qui concerne uniquement le parti et puis que je sois à la tête d'Ennahdha ou que j'y sois un militant de base, je serai toujours au service de mon pays et de mon parti», a-t-il tenu à préciser. Maintient-il toujours son opposition au projet de loi sur l'immunisation de la révolution et quelle analyse fait-il des événements douloureux qui se déroulent à Jebel Chaâmbi? Jebali est on ne peut plus clair et tranchant dans ses réponses : «J'ai déjà exprimé mon opposition à cette loi et je suis toujours convaincu que le dernier mot doit revenir à la justice. Je considère également que cette loi ne peut en aucune manière servir les intérêts d'Ennahdha. J'aurais aimé que mon parti prenne l'initiative de faire annuler les lois qui restreignent les libertés ou qui les violent purement et simplement. En ce qui concerne les graves événements de Jebel Chaâmbi, tout en appelant à ce que toutes les idées soient exprimées librement, je pense que le respect de la loi et la préservation de la vie des individus sont impératifs. Il est urgent que les Tunisiens se dressent comme un seul homme contre ceux qui menacent leur vie et leur pays». Hamadi Jebali n'a pas manqué de souligner qu'il a insisté, lors de son entretien avec le chef du gouvernement, sur «la nécessité d'accélérer la discussion et l'adoption de la Constitution et d'organiser des élections le plus tôt possible».