Habemus papam est un film franco-italien, réalisé par l'Italien Nanni Moretti et sorti en 2011. Il a fait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes 2011. On a eu le plaisir de le découvrir, jeudi dernier, à la salle de cinéma Le Parnasse, dans le cadre des Journées du cinéma européen. Habemus papam est tout d'abord une locution latine séculaire qui signifie : «Nous avons un pape». Elle est prononcée par le cardinal protodiacre à l'issue d'un conclave, depuis le balcon central de la basilique Saint-Pierre au Vatican, afin d'annoncer à la foule romaine et au monde entier (urbi et orbi) l'identité du nouveau pape élu. Le film s'ouvre sur les obsèques du pape, vient ensuite la réunion du conclave afin d'élire son successeur. Plusieurs votes sont nécessaires avant que ne s'élève la fumée blanche symbolisant la fin des votes et l'élection du nouveau papa. Mais les fidèles massés sur la place Saint-Pierre attendent en vain l'apparition au balcon du nouveau souverain pontife. Ce dernier ne semble pas être prêt à supporter le poids d'une telle responsabilité. Angoisse? Dépression? Peur de ne pas se sentir à la hauteur? Le monde entier est bientôt en proie à l'inquiétude, tandis qu'au Vatican, on cherche des solutions pour surmonter la crise. Le nouveau pape nommé Melville, campé par un exceptionnel Michel Piccoli, une fois élu, ne parvient pas à passer à l'acte. Pire encore , puisqu'il s'échappe pour aller baguenauder dans Rome et par le biais d'une troupe s'apprêtant à interpréter La Mouette d'Anton Tchekov, redécouvre sa passion enfouie pour la comédie. Pour cette pièce, précisément, où l'on cherche absolument l'amour et l'art, où l'on entend le personnage de Piotr Nikolaïevitch Sorine déclarer : «Le théâtre, il n'est pas possible de faire sans». La nouvelle responsabilité du pape le pousse à prendre du recul et à tout remettre en question : sa vie, son enfance, ses rêves,... Et l'on sent ses tourments et ses angoisses. Il sillonne, alors, les rues de Rome, il rencontre des gens, il visite bars et restaurants, etc. On vit un moment poaignant lorsque la promenade du pape le mène sur la place Saint-Pierre, où il épouse précisément le point de vue de ceux qui ont attendu en vain qu'il se présente au balcon. Il se dégage une forte et singulière émotion par la façon dont il pose, à la fois absent et omniprésent, expérimentant, en même temps, les deux positions celle de l'élu et du «fidèle». Autre personnage-clé, celui du psychanalyste (magnifiquement interprété par Nanni Moretti lui-même). Appelé à la rescousse de la supposée dépression du pape, celui-ci est comme gagné par les délices d'un enfermement bientôt consenti au Saint-Siège, où, dans tous les sens du terme, il se prend au jeu. Alors que les cardinaux croient que le temps de vacance touche à sa fin, le thérapeute , un ballon de volley-ball à la main, tel un enfant auquel des adultes, subitement rappelés à leurs devoirs, auraient injustement volé la fin d'une partie promise. Habemus Papam est un film qui met en avant la quête de soi dans un monde où il n'est pas toujours permis d'être soi-même. Deux principaux protagonistes témoignent de cela: d'une part, l'élu, symbole de la foi en Dieu, qui se réconcilie avec son être en quittant le Saint -Siège et, d'autre part, le thérapeute, non croyant, qui, lui, a retrouvé tout son enthousiasme dans ce même endroit clos avec pour seuls compagnons les cardinaux. Sur cette même opposition, reposent d'autres dualités dans le film, telles que la mélancolie et le burlesque, le bien-être existentiel véhiculé par la foi et le difficile exercice de la responsabilité individuelle. Il en résulte une œuvre subtile et grinçante, émouvante et tendre, et d'une drôlerie souveraine . Ovation du public amplement méritée Programme JCE Samedi 1er juin Tunis Le Parnasse 18h00 : Maudit soit le phosphate (Tunisie) CinéMad'art 20h00 : Mon autre moitié, la chose dans le coin, Joselyn, Quand tu cours, Personne n'est coupable, Tuer un enfant (Programme de courts métrages espagnols) 21h30 : Matahris (Espagne) Sousse Centre culturel de Sousse 18h30 : Baba Noël (Tunisie) 19h00 : Elle ne pleure pas, elle chante (Belgique, Wallonie-Bruxelles) Sfax Complexe culturel Jammoussi 18h30 : Baba Noël (Tunisie) 19h00 : Black pond (Royaume-Uni) Gafsa Maison de la culture «Ibn-Mandhour» 17h00 : Les souliers (Tunisie) 17h30 : Philanthropie (Roumanie) 19h00 : Amour (France) Djerba Maison de la culture de Houmet-Souk Ouverture avec le film Habemus Papam de Nanni Moretti