Regroupement des hôpitaux sous forme de pôles de médecine selon une logique d'organes ou de prise en charge. Création de pôles de gériatrie regroupant aussi bien les établissements de soins que la société civile. La garantie de la pertinence du système de la santé publique, et l'adaptation des mécanismes disponibles et des ressources humaines et matérielles au service d'une population en mutations épidémiologiques et démographiques, constituent la problématique fondamentale du secteur de la santé publique. Une problématique décortiquée par le groupe de travail LGB-Tunisie, relevant de l'Association social science forum ( Assf) dans le cadre d'une enquête, entamée depuis janvier 2012 et dont les résultats ont été récemment publiés. L'objectif étant de connaître les attentes des prestataires de services de santé, de cerner les évaluations de ces derniers quant à la qualité des prestations offertes et d'avancer des recommandations susceptibles d'aider les décideurs à asseoir une nouvelle politique sanitaire, à même de garantir la satisfaction des prestataires de services et de permettre aux cadres médicaux et paramédicaux d'améliorer leurs performances et de mieux gérer leurs dispositifs de travail. L'enquête, qui repose sur une série de sondages d'opinions, a permis de confirmer les mêmes lacunes repérées jadis et longtemps mises en cause par les citoyens comme par certains professionnels de la santé. En effet, les établissements publics de santé sont jugés comme étant des établissements qui manquent de moyens, à la fois matériels, technologiques, mais aussi de l'aptitude, pour ce qui est des ressources humaines, à assurer aux patients la qualité d'accueil requise. D'autant plus que la complication souvent frustrante des procédures et l'inefficience de la gestion du délai d'attente et de la coordination entre les différentes spécialités enfoncent davantage le clou. Les sondages d'opinion ont permis aux enquêteurs de dresser la palette des éventuelles solutions à même de soulager les institutions de santé publiques de leurs maux et de donner un souffle nouveau au secteur de la santé. Aussi a-t-elle abouti sur cinq recommandations fondamentales. Il s'agit, avant toute chose, de réfléchir sur les moyens susceptibles d'apporter à la gouvernance une meilleure efficacité ainsi qu'une intégration indispensable dans le cadre d'une gouvernance intégrale car plus cohésive, prenant en considération les besoins et les moyens spécifiques au système sanitaire dans les régions comme dans les localités. Pour ce, plusieurs mesures sont à prendre dont la modernisation des structures sanitaires à l'instar des standards internationaux. Une offre de qualité Il faut dire que l'implication et la responsabilisation des professionnels de la santé dans les décisions internes favorisent la gestion des hôpitaux et incitent les professionnels à innover et à développer leurs compétences. Par ailleurs, la prise en compte de l'évaluation du citoyen-patient des mesures nouvelles ne peut que garantir une meilleure adéquation entre attentes et prestations. Sur les plans juridiques et budgétaires, les enquêteurs recommandent plus de souplesse notamment en ce qui concerne les réglementations d'achats publics afin d'inciter davantage les éventuels investisseurs à contribuer à la dynamique du secteur. Il convient, également, de faire preuve de plus de vigilance quant au boom des revendications salariales dont certaines sont loin d'être légitimes. D'un autre côté, et compte tenu de la renommée de la Tunisie comme pôle sanitaire très apprécié par nos voisins maghrébins, une attention particulière pour la garantie d'une offre satisfaisant, en termes quantitatif et qualitatif, les demandes spécifiques, notamment pour certaines maladies émergentes et la mise en place d'une coordination — tant souhaitée d'ailleurs — entre le public et le privé finiraient par consolider la place dont bénéficie notre pays dans la région en tant que destination sanitaire. La deuxième recommandation appelle les décideurs et les professionnels de la santé à métamorphoser le paysage sanitaire publique pour le mieux, et ce, à travers la création de pôles d'activité. L'idée étant de rendre les établissements de santé publique plus performants car suivant une logique d'organe ou de prise en charge du patient. Ainsi, les établissements de santé pourraient s'articuler ou bien autour du traitement d'un organe ( pôle de chirurgie par exemple) ou bien autour d'une prise en charge intégrale du patient. D'un autre côté, les décideurs en matière de santé sont plus que jamais appelés à mettre les bases d'une nouvelle politique sanitaire en tenant compte des mutations démographiques que connaît la société tunisienne. Il est évident que la population chemine assez rapidement vers le vieillissement ; une situation démographique qui fait appel à la mise en place de nouveaux processus de soins ? La gériatrie ( la médecine spécifique aux seniors ) demeure jusqu'à nos jours inconnue par la plupart des Tunisiens. Pourtant, son développement s'impose notamment avec un taux d'espérance de vie de l'ordre de 75 ans. Plus encore : les enquêteurs proposent même de créer des pôles de gériatrie, associant à la fois les établissements de santé et la société civile active dans ce domaine. D'un autre côté, l'évolution du mode de vie implique, de la part des spécialistes, un effort plus notable pour diffuser la culture sanitaire appropriée. En plus clair, il est nécessaire, voire inéluctable, de renforcer le budget consacré au secteur de la santé publique afin que ce dernier puisse réaliser sa mutation qualitative au profit de tous.