«Je sais qu'il y a certaines réticences de la part de certains travailleurs quant à cette grève générale, votre rôle est de les convaincre de respecter la grève historique du 13 décembre 2012», s'écrie Mohamed Thabet, secrétaire général du Syndicat de l'enseignement supérieur à l'adresse de la centaine de militants rassemblés dans une salle de réunion au siège de l'Ugtt à Tunis. A deux jours de la grève générale décidée suite à l'agression de l'Ugtt dans sa «propre demeure», le 4 décembre dernier, tout le monde est sur le qui-vive, l'Ugtt sait qu'elle joue à quitte ou double. Maintenir la grève générale et la faire réussir avec un taux de participation crédible, ou bien annuler la grève moyennant des négociations qui permettront à la centrale syndicale de crier victoire et ainsi calmer ses militants. Dehors, à la place Mohamed-Ali, là où s'étaient déclenchés il y a une quelques jours des heurts violents entre des membres de la très controversée ligue de protection de la révolution et des militants de l'Ugtt, des jeunes se sont rassemblés pour, disent-ils, soutenir l'Ugtt dans leur décision de grève générale. Au milieu des slogans parfois très durs scandés par ces jeunes du collectif «Jeunes Tunisiens : tous avec l'Ugtt», une lycéenne ne comprend visiblement pas ce qui se passe mais trouve du plaisir à porter des pancartes et émerveillée par tout ce bouillonnement. «Nous sommes venus avec un bouquet de fleurs pour dire non à la violence dans toutes ses formes», nous confie presque naïvement Khalil, jeune lycéen de 17 ans. Pendant toute la matinée, le collectif composé de jeunes militants de partis, de gauche principalement, a donné de la voix. Jeune militant au sein de l'Uget, Ouannes estime pour sa part que la dissolution des ligues de protection de la révolution est une revendication sur laquelle il ne faudrait pas revenir. Un peu plus loin, nous avons rencontré Abdelkader Ennasri, ancien cheminot et secrétaire général du syndicat des retraités de l'Ugtt, écoutant les slogans sourire aux lèvres. «Je sais que certains syndicalistes au sein de la Sncft sont des nahdhaouis notoires appartenant à l'Union des travailleurs de Tunisie, et qu'ils sont contre la grève générale, mais ils restent une minorité et la grève générale sera très suivie jeudi par les employés de la Sncft». En ce mardi matin, ils étaient tous là, les militants de l'Ugtt, solidaires de l'organisation syndicale, quelle que soit la décision de sa commission administrative. Car pendant que les militants font une démonstration de force, les dirigeants de la centrale syndicale négocient avec le gouvernement pour trouver une issue qui leur permette de sortir vainqueur, tout en annulant une grève générale peu populaire.