Il y a le corps, les performances, mais aussi le plaisir d'être ensemble, de faire et de se faire plaisir Entre amis, entre collègues, cela nous arrive d'avoir de grandes discussions sur le monde, la culture, la politique et, évidemment, le sport. Et nous nous posons toujours la même question de savoir pourquoi la Tunisie (et pas uniquement : monde arabe et Afrique également) ne remportent pas beaucoup de médailles dans les grandes manifestations internationales. Réponse qui peut paraître compliquée et, à la limite, existentielle, mais qui est en réalité très simple : nous ne sommes pas très compétitifs pour la simple raison que la Tunisie (et tous les autres que nous avions cités) n'est pas un pays de sportifs. C'est vrai que nous sommes meilleurs que d'autres qui ont davantage de moyens, mais nous n'avons pas vraiment le niveau. Il n'y a pas que les performances qui sont sans doute significatives de la bonne santé sportive d'un pays, d'un peuple, il y a aussi un indice qui est aussi significatif et aussi définitif: le nombre de licenciés, tous sports confondus. Et encore, puisque le nombre de licenciés concerne le sport civil, pas celui de masse ou celui des institutions d'éducation. Tenez, de notre temps (que les moins de... ans ne peuvent pas connaître, comme dirait l'immense Aznavour), les heures et les cours de sport étaient aussi importants que ceux des mathématiques, français, arabe ou sciences naturelles. Aujourd'hui, malheureusement, c'est le cours à rater, à éviter à tout prix pour nos élèves. Courir pour une cause, pour soi et pour les autres ! Les étudiants ? N'en parlons même pas. Il suffit, d'ailleurs, de regarder un peu autour de soi pour observer les silhouettes des Tunisiens et des Tunisiennes pour dresser un autre constat calamiteux: on déborde de partout, à tous âges, alors que ce phénomène n'existait pas, il y a trente, quarante ou cinquante ans. Pourtant, la bouffe est meilleure, et le niveau de vie plus élevé. Et on ne daigne faire un petit effort que quand l'été approche et qu'on est terrorisé par l'idée de porter un costume de bain ou alors quand notre corps tire la sonnette d'alarme, qu'il est trop tard et que le médecin livre son terrible verdict. Et encore... Tout cela pour dire qu'un peuple sportif, c'est une mentalité, une culture, un mode de vie, mais aussi des espaces adéquats pour courir et faire respirer et vivre son corps. Or, nous sommes étouffés par le béton et par un urbanisme sauvage et, en tout cas, inadéquat qui fait de notre pays et surtout de notre capitale, l'une des plus laides au monde. Comment remédier à tout cela? Créer les espaces qui nous font terriblement défaut, réhabiliter le sport dans les écoles, les lycées, les universités et les entreprises, réaménager les emplois de temps scolaires et administratifs et, enfin, multiplier initiatives et manifestations sportives. La Comar y a en tout cas pensé depuis une certaine année 1986. Aujourd'hui, on court pour le compte de la 27e édition dans une ambiance de kermesse, sorte de messe collective où tout le monde a sa place. On aura même droit à une course de solidarité avec des marathoniens Rothariens bénévoles. Ils courront pour la solidarité et la dignité avec, en prime, une tente pour récolter les dons qui vont servir à la restauration des écoles. Une initiative parmi tant d'autres avec la Comar qui met un point d'honneur, depuis des années à lancer et à cultiver. Quelques informations pour ceux, très nombreux, qui seront aujourd'hui de la fête au départ de la course pour tous du semi-marathon et du marathon à 8h00, 8h15 pour le mini-marthon. Avec, en prime, un petit cadeau que nous fait la révolution, puisque on empruntera les grandes artères de la capitale (Avenue Habib - Bourguiba, Kheireddine-Pacha avec un départ symbolique de la place 14-Janvier). Clin d'œil à la révolution, clin d'œil à la Tunisie sportive, clin d'œil à la Tunisie qui doit courir !