La crainte de voir se reproduire, contre l'ambassade de France, le même scénario que celui de l'attaque violente et non contrôlée contre l'ambassade US, vendredi 13 septembre, a pris cette fois des allures d'«état de guerre», à en juger par le déploiement sécuritaire impressionnant dans les principales artères de la capitale. Déjà, hier matin, le ministère de l'Intérieur publiait un communiqué interdisant le stationnement et la circulation des véhicules de 11h00 à 16h00 dans un certain nombre de rues, à savoir l'avenue Habib-Thameur, rue de Rome, l'avenue de France, la rue Jamel-Abdel Naceur, la rue Charles-de-Gaulle, la rue Radhia-Hadded et l'avenue Habib-Bourguiba allant de la place de l'Indépendance jusqu'à la place de la Révolution du 14 Janvier. Cette consigne impliquait également la route nationale n°9 (Tunis-La Marsa) au niveau de l'échangeur de l'Aouina jusqu'à la cité Essalem. A l'origine de l'alerte, la réaction vive et enflammée suite à la publication par l'hebdomadaire français Charlie Hebdo des fameuses caricatures du Prophète Mohamed, une publication au timing assez «louche» et qui vient jeter de l'huile sur le feu, après la diffusion du film américain anti-Islam aux conséquences désastreuses connues par tous. En effet, depuis le matin, les hélicoptères de l'armée survolaient les quartiers et les sirènes des voitures de police retentissaient dans les rues de Tunis. A cela a fait écho l'important déploiement, tout au long de l'avenue Habib-Bourguiba et du côté de la mosquée El Fath, des forces de l'ordre. Certains, les plus mobiles, étaient protégés par de solides boucliers et armés de bombes lacrymogènes. Vers midi, à l'heure de la prière du vendredi, l'on a commencé à mettre en garde, via un mégaphone, contre les attroupements sous peine de ripostes par des tirs de gaz lacrymogènes. A mesure que la fin de la prière approchait, les précautions sécuritaires se sont renforcées avec des fouilles d'individus jugés suspects et l'interdiction (parfois injustifiée) à plusieurs groupes de jeunes d'accéder à l'avenue Habib-Bourguiba. Cette démonstration accrue de force amplifiée, visuellement, par les tenues sombres des agents cagoulés et les défilés des motards, n'a, cependant, pas amené le Tunisien à déroger à ses habitudes quotidiennes. Les gens, visiblement pas vraiment inquiétés, continuaient à faire ce qu'ils faisaient habituellement, siroter un café sur une des terrasses de l'Avenue, faire du shopping, etc. Et décidément ils avaient bien raison, car jusqu'à 14h00, aucun signe n'annonçait une éventuelle marche ou manifestation. Rien...Pas de barbus, ni d'armes blanches, ni de drapeaux noirs, il n'y avait de noir que les uniformes des BOP. Ces précautions sécuritaires étaient un peu trop spectaculaires certes, mais cela semble avoir eu leur effet dissuasif ? Certains décrivent cette opération comme une tentative pour rattraper le coup après l'incapacité à gérer l'attaque de vendredi 13 septembre. D'ailleurs, on aurait aimé voir cette même mobilisation la semaine dernière, ça nous aurait épargné les conséquences désastreuses de cet incident...