Les participants à la conférence sur le rôle de l'avocat dans la prévention de la torture et de la maltraitance ont affirmé que la protection des individus privés de liberté, qu'ils soient des détenus de longue durée ou des interpellés pendant l'enquête, imposent «l'introduction de réformes sur les législations pertinentes et la création de mécanismes institutionnels, garantes de la protection de ces catégories». Cette conférence, organisée, hier, à Tunis, vise à mettre en valeur le rôle de l'avocat dans la défense des droits des détenus durant les investigations préliminaires et à révéler les cas de torture et de maltraitance, dans les lieux de détention, en se fondant sur les textes juridiques internationaux relatifs à cette question. Le bâtonnier Chawki Tabib a notamment abordé les principales problématiques auxquelles se trouvent confrontés les avocats, au niveau législatif ou des procédures, en matière de représentation de leur client durant et après l'enquête. Il a déclaré que l'avocat est «le plus grand témoin de son époque» compte tenu du fait qu'il est informé des cas de torture et de maltraitance, «ce qui l'investit d'une grande responsabilité dans l'instauration d'un dialogue national destiné à réviser les législations pertinentes qui incitent à la torture», selon son expression. Le président d'honneur de la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme (Ltdh), Mokhtar Trifi, a passé en revue, dans son intervention, les normes internationales durant la période de détention, rappelant le cadre juridique international qui stipule la préservation des droits des individus privés de liberté. Ces cadres juridiques comprennent les règles de base du traitement du détenu dans l'attente de son jugement, dont le droit de contacter sa famille et son avocat, le droit de recourir à la justice à l'intérieur de la prison sur la nature de son traitement, la qualité de la nourriture qui lui est servie, les conditions d'hébergement, les services sanitaires et l'hygiène. Ces lois interdisent par ailleurs la ségrégation entre les détenus sur la base de l'appartenance, de la race ou de la couleur et impose le respect des croyances religieuses du prisonnier en plus de l'organisation des relations du prévenu avec son environnement extérieur. Le président d'honneur de la Ltdh a ajouté que l'avocat peut jouer un rôle important dans la défense des individus détenus pendant ou après les procès, mettant en relief la capacité de l'avocat à prévenir la torture, en intervenant dès l'engagement des poursuites juridiques et des investigations. Le professeur de droit à la faculté de Droit et des Sciences politiques de Tunis, Fadhel Blibech, a insisté, pour sa part, sur la nécessité de renforcer les garanties constitutionnelles des individus privés de liberté, à travers la réforme du système sécuritaire et juridique, recommandant de créer une instance nationale «chargée de repérer les cas de torture ou de maltraitance à l'intérieur des prisons et de recueillir les plaintes des détenus à cet effet». Il a également appelé à dynamiser le rôle de la société civile dans la dénonciation des cas de torture surtout que le «nouveau cadre juridique permet à chaque association de porter plainte, si le cas relève de son champ de compétence». Il est à rappeler que cette conférence a été organisée à l'initiative de l'Association tunisienne des jeunes avocats et en collaboration avec l'Ordre national des avocats de Tunisie et l'Organisation mondiale contre la torture.