La nouvelle, annoncée dernièrement par Lazhar Toumi , président de l'association Dar Zarzis, sur le report du projet concernant la ligne maritime Zarzis-Savona, est tombée comme un coup de foudre sur la ville de Zarzis. La déception était fortement ressentie non seulement par les proches parents des résidents à l'étranger, mais surtout par ceux qui ont présenté leur candidature pour décrocher un poste de travail dans le navire . La tension est vite montée dans toute la délégation. Samedi matin, un grand attroupement a eu lieu au centre-ville avec la participation des jeunes des deux sexes, portant des pancartes dénonçant le revirement inattendu. La grogne, nous dit-on, a commencé à gagner également les autres villes du Sud et principalement Médenine et Tataouine, parce que le projet en question concerne tous les gouvernorats du sud. «Cette année , le projet est reporté, nous annonce-t-on , avec des regrets . L'année prochaine, on nous dira , tout simplement, qu'il est annulé. Une vieille chanson», souligne Anis M. «Les membres de l'association Dar Zarzis parlent d'intrus, de pression sur les agences de voyages, de manœuvres douteuses de la CTN... qui ont bloqué l'affaire. Qu'ils aient du courage pour dénoncer cela publiquement. On se chargera du reste», enchaîne un autre protestataire. Quant à Lotfi D., il va encore plus loin : «La démagogie ne rapporte rien. On n'a plus de patience . Il faut que la route de Médenine, à l'entrée de Zarzis, celle de Djerba, au niveau de la chaussée romaine et celle de Ben Guerdane soient fermées», dit-il. Et, comme pour mettre en garde les forces de l'ordre, il s'adresse à un agent, présent sur les lieux : «Notre manifestation sera pacifique. Ne vous approchez pas de nous si vous ne voulez pas qu'elle dégénère. On est tous majeurs et vaccinés. On sait ce qu'on fait. On ne touchera pas aux biens d'autrui ni au domaine public». D'autres menacent de poursuivre le sit-in et «d'observer une grève générale, s'il le faut», jusqu'à l'obtention de leurs droits. Le tout s'est produit , au cours de la matinée , sans affrontements; la circulation en ville n'a pas été bloquée. Toutefois, au fil des minutes, le nombre de manifestants a augmenté et la situation s'est un peu dégradée l'après-midi, avec le passage à l'action. En effet, la chaussée romaine a été fermée pour tous les véhicules, à l'exception des ambulances. La route de Ben Guerdane aussi et celle de Médenine, à l'entrée de la ville de Zarzis également. Il a fallu l'intervention du procureur de la République qui s'est déplacé sur les lieux pour dégager la route qui mène à Djerba, mais «provisoirement» selon quelques manifestants. Dans une tentative pour calmer les esprits et donner des éclaircissements sur le report du projet, Lazhar Toumi a rejoint les sit-in-neurs. Toutefois, ses propos n'ont pas convaincu tout le monde. Les uns ont qualifié les raisons avancées pour l'ajournement du projet à une date ultérieure de logiques et se sont montrés reconnaissants envers le travail accompli par Dar Zarzis malgré tout. D'autres , en revanche , complètement déçus , ont évoqué l'histoire de l'âne et la carotte. Au cours de ce rassemblement, la tension est montée d'un cran et les revendications de ceux qui ont pris la parole ont fait tache d'huile. Ils ont parlé de la situation des pêcheurs, en grève depuis plusieurs jours , de la part de Zarzis dans les projets de développement... et ils ont menacé d'accentuer la pression pour faire entendre leur voix.