Capitale intellectuelle de toute la région de l'Atlas, Carthage, en relations constantes avec l'Italie et l'Orient, importait les œuvres et les idées de Rome, d'Alexandrie et d'Antioche et exportait celles des provinces africaines. Par ce mouvement d'échanges, elle a fécondé les intelligences du pays punique et berbère, en même temps qu'elle a aidé au rayonnement de la littérature latine et au prestige des Eglises africaines qui tiennent une si grande place depuis Tertullien, au point de persister 14 ou 15 siècles plus tard, et même de prospérer dans une Tunisie post-révolutionnaire qui, espérons-le, a retrouvé ses marques Les jeunes étudiants des deux sexes, imbus de valeurs humaines placent l'homme au-dessus de toutes les autres valeurs et prônent une attitude philosophique et un idéal de sagesse défendu depuis l'Antiquité par Cicero, l'auteur et orateur latin. Passionnés d'Antiquité classique et férus de latin, les étudiants tunisiens ont répondu présent en participant à la troisième édition tunisienne du concours international de langue latine et de culture antique : le concours Cicero. Ces jeunes Tunisiens sont convaincus du fait que leur pays est un relais de richesse culturelle, absolument digne de respect. Dépositaires par excellence des valeurs de l'humanisme qui vantent l'épanouissement de l'homme, ainsi que le caractère universel de son esprit, les jeunes Tunisiens réclament haut et fort l'héritage de cette part de latinité inscrite dans leur patrimoine au même titre que les multiples facettes de leur identité culturelle qui est plurielle : punique, romaine, berbère, vandale, byzantine, arabe et turque. Ces Tunisiens, héritiers d'Apulée, de Saint Augustin, de Tertullien, de Magon et de Florus préconisent leur adhésion aux valeurs humanistes. C'est pourquoi trente étudiants de l'Ipestt et du 2-avril ont participé à Cicero 2012, samedi dernier (21 avril). Le thème du concours était «Enée de Troie au Latrium», donc consacré au héros troyen, fils d'Anchise et d'Aphrodite, dont Virgile a fait le personnage central de son Enéide. Nadia Grandi, directeur du concours en Tunisie, assistée du professeur Patrick Voisin, directeur général du concours, a tenu à remercier chaleureusement l'initiateur de ce projet qui a offert l'opportunité aux jeunes Tunisiens de concourir dans cette langue et donné l'occasion aux latinistes du monde entier de célébrer les valeurs de l'humanisme car le latin est un facteur de cohésion et d'union qui exclut l'idée de la xénophobie. Le résultat La remise des prix du concours Cicero a eu lieu à l'Institut préparatoire des études littéraires et des sciences humaines de Tunis. Les lauréats ont été récompensés par l'écrivain Moëz Majed, en présence de Patrick Voisin et Nadia Grandi, la directrice adjointe du concours. L'heureuse lauréate est Sarah Khaled, agrégation de français à l'ENS de Tunis, une passionnée de culture antique, d'universalité, éprise de personnages mythiques ayant appartenu à l'Antiquité.