Le président d'Ennahdha a accusé hier une partie de l'opposition, «qui sème le trouble», de vouloir handicaper l'action du gouvernement, soulignant que la Tunisie court le risque du prolongement indéfini de la période transitoire et non le retour à la dictature... Le leader d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, a affirmé, hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège du mouvement, que son parti est pour l'ouverture de l'avenue Bourguiba aux manifestations, tout en précisant que le dialogue est la seule solution pour rapprocher les avis des différentes parties concernées. La conférence fait suite aux évènements survenus lundi à l'avenue Habib-Bourguiba à l'occasion de la célébration de la fête des Martyrs. Dans ce sens, le président du mouvement Ennahdha a dénoncé «toute violence verbale et physique de quiconque» et appelé à ouvrir une enquête pour connaître les raisons de cette violence afin de dévoiler la vérité à l'opinion publique tunisienne. Selon la déclaration diffusée par Ennahdha, «les affrontements entre un certain nombre de manifestants et les forces de l'ordre ont entraîné des blessures dans les deux camps, or c'est une journée qui aurait dû unir les Tunisiens pour commémorer les martyrs du 9 avril 1938». Le président d'Ennahdha a rendu hommage aux martyrs de 1938 et à tous ceux qui sont tombés pour la patrie, toutes sensibilités politiques confondues, entre autres ceux de la révolution. Il a aussi salué leurs familles. Dans sa déclaration, Ennahdha affirme que «la tentative d'enfreindre l'interdiction de manifester sur l'avenue Bourguiba avait pour objectif de semer le trouble et entraver l'action du gouvernement légitime au moment où ce dernier s'apprête à présenter son programme en vue de réaliser ses promesses à l'égard du peuple tunisien». Le leader du mouvement a souligné que la décision émanant du ministère de l'Intérieur a force de loi, d'où la nécessité de la respecter. «Il est inacceptable d'enfreindre la loi par la force. Le ministère de l'Intérieur a reçu un grand nombre de doléances des propriétaires des boutiques, des restaurants et des cafés, dont le commerce a accusé d'énormes pertes à cause des manifestations. Ces derniers mènent aujourd'hui une manifestation pour défendre leurs intérêts, alors que le tourisme commence à reprendre un certain rythme. Certains facteurs confirment une reprise de la croissance économique dans le pays, dont notamment la progression des investissements et des exportations», enchaîne Ghannouchi. Contre des policiers en tenue civile Répondant à une question concernant l'implication de milices nahdhaouies dans les derniers événements, le président du mouvement Ennahdha a démenti cette affirmation. Il a ajouté : « S'il y a des groupes de citoyens qui ont agressé les manifestants, nous assurons qu'ils n'appartiennent pas à notre mouvement. Ce que j'ai compris, moi personnellement, c'est qu'il y avait un certain nombre de policiers en tenue civile et nous ne sommes pas d'accord avec de telles procédures. Dans de telles circonstances, les policiers doivent porter leur uniforme pour qu'on les distingue parfaitement des citoyens ordinaires. Certains membres d'autres partis politiques ont accusé gratuitement Ennahdha dans le but de faire leur propre propagande et nous ne comptons pas les poursuivre pour leurs propos diffamatoires. De même, ces gens nous attaquent lors de leurs manifestations par des slogans qui sont d'une bassesse inouïe. C'est un comportement qui montre que ces partis n'ont aucune morale et ne reculent devant aucun stratagème pour dénigrer Ennahdha, semer la zizanie et empêcher le retour à une situation économique normale. Je ne vise pas toute l'opposition car nous avons des discussions permanentes avec des partis qui cherchent le consensus national dont nous avons besoin pour réussir cette période transitoire». Selon le leader nahdhaoui, certains suivent des méthodes «de perturbation et de violence révolutionnaire stalinienne qui n'apporteront rien en matière d'image politique». «Les critiques acerbes qui nous ciblent jour et nuit, souligne-t-il, sont maladroites et ne nous aident nullement à combler les lacunes». Ennahdha n'est pas seule aux commandes puisqu'elle travaille avec ses alliés. De même, il a affirmé que la formation de plusieurs alliances politiques est un signe de maturité politique dans une étape où le pays a besoin d'un consensus national. «Et si ces alliances sont faites pour faire face à un parti, comme le nôtre, je crois qu'elles n'aboutiront à rien. Une telle opposition ne nous gêne guère. Il reste un peu moins d'un an pour la tenue des prochaines élections. Nous comptons sur notre groupe parlementaire pour pousser les choses dans le bon sens en ce qui concerne l'élaboration de la Constitution», ajoute Ghannouchi. Selon lui, certaines parties cherchent à déstabiliser le gouvernement à travers le sensationnel. Par ailleurs, évoquant la question du piratge de l'e-mail du chef du gouvernement, le président du mouvement Ennahdha a affirmé que l'activité sur Internet est complètement libre et que certains l'utilisent à des fins négatives. «Je crois, a-t-il dit, que mon e-mail aurait été, lui aussi, piraté...»