Enfantée par la révolution et les dures nuits qui l'ont suivie, l'association de citoyenneté des Jardins d'El Menzah 2 a appris que la défense des intérêts de son quartier relève d'une responsabilité partagée et que, même en l'absence des autorités locales, la gestion des affaires quotidiennes des habitants passe en priorité. Bref, une association hors du commun dont le cheval de bataille est de rompre avec l'isolement pour ressusciter les relations de voisinage du bon vieux temps. Dimanche dernier, au parc de la citoyenneté mitoyen, toute la cité des Jardins a célébré, pour la première fois depuis la remise des clés, la fête des voisins. Une fête inhabituelle non inscrite sur le calendrier national et qui pourtant a pris l'ampleur d'un événement familial intimement accueilli, dans une ambiance purement conviviale. Ainsi, enfants, femmes et hommes, petits et grands ont été au rendez-vous. Tous les riverains des immeubles s'en sont donnés à cœur joie. Sur fond musical rythmique, les relations de bon voisinage se mettent à cristalliser, chantant la mélodie des belles retrouvailles et les histoires des connaissances sentent le parfum d'antan. «Citoyenneté», merci ! Car, une telle rencontre ne saurait avoir lieu sans l'appui de ladite association. En fait, l'éclectique programme d'animation présenté à la foule semble satisfaire les goûts divers. Clown, magicien, concours de dessins, exposition de peinture, petits cadeaux et jeux pour enfants, sont autant d'activités qui n'ont pas manqué de suspense et d'heureuses surprises. Les enfants, tous âges confondus, y ont trouvé leur compte. Avec plein de douceurs et délicieux gâteaux apportés de chez eux, ces habitants locaux se sont montrés enchantés de partager ces moments de convivialité. Et la fête continue pour drainer autant de gens, rapprocher les relations et cimenter, en quelque sorte, de nouvelles amitiés. Ensuite, un certain répit a été observé pour mieux célébrer le premier anniversaire de cette édition «Fête des voisins», mais aussi pour dire à leur association qui vient également de souffler sa première bougie mille félicitations. Ainsi va la vie. Valeurs de cohabitation Reprise de plus belle au cours de laquelle l'assistance apprécie les saveurs des moments communs en tout petits morceaux tels que ceux des gâteaux. Moments propices certes inoubliables. D'autant plus qu'ils pourraient s'ériger en traditions bien ancrées dans l'avenir. «Et c'est tant mieux pour rapprocher davantage les habitants et les réunir autour des valeurs de la cohabitation et de la citoyenneté, tout en diffusant la culture de l'ouverture et du bon voisinage», se félicite M.Walid Chebbi, vice-président de l'association. Et de souhaiter, «l'idéal est d'étendre cet élan de voisinage au-delà de nos périmètres vers d'autres quartiers et régions du pays». Afin que la fête soit nationale, telle qu'elle est célébrée en France, au Canada, en Turquie et bien dans plus de 150 villes européennes. Quoiqu'elle revête un caractère aussi environnemental, l'association de citoyenneté a à son actif plusieurs actions de bénévolat sur le plan local. Il s'agit, selon M. Farhat Ghanem, universitaire, membre de l'association et habitant à la cité des Jardins, de campagnes de propreté, de nettoyage, de transport d'ordures ménagères, d'actions de solidarité et de collecte. Dimanche dernier a été, en effet, la journée du premier jet des plaques nominatives des rues et avenues dudit quartiera. Cadrant avec l'essence de la cité, toutes les rues portent, ainsi, des noms de fleurs, de fleuves et de forêts... Des appellations inspirées du vrai sens écologique pour se référer au concept villes-jardins. L'objectif, à l'en croire, est de faire de la cité un milieu où il fait bon vivre. Bien qu'il soit tout récent, ce quartier de cinq mille habitants, qui pourrait ultérieurement en abriter quelque 20 mille, a été laissé pour compte depuis sa construction, il y a presque six ans. Sans collectivité locale ni compétence territoriale ou même autorité régionale dont il doit relever, ce quartiera sombré, jusqu'à nos jours, dans l'oubli et la marginalisation. D'où l'initiative fondatrice de cette association basée essentiellement sur la mentalité d'autonomie et du compter sur soi. «C'est ce qui nous a poussés à réfléchir et agir localement pour doter ce quartier des commodités d'une vie meilleure... », nous a confié M. Ghanem.