Zohra Larguech, aquarelliste essentiellement, fait partie des premières générations des beaux-artistes tunisiens. Elle ne commence à s'exposer et à exposer que vers les années 1980, en participant à diverses manifestations picturales collectives. Ses aquarelles ont été également l'objet d'expositions personnelles, une dizaine environ, jusqu'à la dernière, abritée par la galerie Aïn, depuis le 24 mars dernier et qui propose 26 de ses œuvres les plus récentes. Excellente dessinatrice, l'aquarelliste a toujours opté pour la précision du trait et de la ligne qui donnent forme à ses figures, féminines essentiellement, ses rues («rue el Hafsia», «rue el Marr»), ses souk («Sidi Mehrez») et ses bâtisses, qu'elle puise dans une mémoire collective. Ses touches aquatiques nous parlent de sa Médina, de ses femmes et d'autres scènes du quotidien que son pinceau a su distiller et fluidifier, tout en couleurs, sur le papier. Et quoique, d'une manière générale, sa veine demeure figurative, Zohra Larguech a su s'en détacher, par moments, en diversifiant les cadrages. Ainsi et à la manière d'un photographe, ses prises de vues sont loin d'être fortuites. Cela a pu, un tant soit peu, atténuer ce lourd sentiment de redondance dans certaines de ses œuvres, dû surtout au thème de la Médina, trop exploité. Elle y échappe, encore une fois, en faisant dans la nouvelle figuration, en l'occurrence dans son aquarelle «En'nasser» où elle nous présente une vue panoramique quasi abstraite du quartier, faite de touches juxtaposées, ou encore dans son autre œuvre, «paysage», où elle propose l'essentiel de ce qu'elle perçoit d'un paysage de forêt: arbres et source d'eau s'épurent et se confondent en se faisant lignes et taches irrégulières. L'exposition prend fin demain.