• Un don de 100 millions de dollars sera accordé à la Tunisie et débloqué avant la clôture des travaux du budget de l'Etat • Un prix de la liberté sera accordé au peuple tunisien et au président Mohamed Moncef Marzouki par le célèbre think tank «Atlantic Council», le premier juin prochain Les relations tuniso-américaines passent-elles par une embellie printanière ? Tout le laisse penser, à en juger par la moisson d'accords bilatéraux dans divers domaines et dont M. Hédi Ben Abbes, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères tunisien, chargé des Affaires de l'Amérique et de l'Asie, a fait part en exclusivité à La Presse. Cela faisait suite à sa visite d'une semaine qui a couronné toutes les missions effectuées durant les trois derniers mois. C'est le bilan des pourparlers engagés depuis un moment. Il est à rappeler que les dirigeants et représentants politiques américains ont exprimé, à maintes reprises, leur soutien sans équivoque à une révolution pacifique qui a suscité l'admiration de tout le monde. Le premier accord porte sur un don de 100 millions de dollars. Le partenaire américain a puisé dans les techniques financières pour consacrer une ligne budgétaire à cet effet en vue de dégager cette somme, sous la forme d'aide directe au budget de l'Etat tunisien. Ce montant sera débloqué avant la clôture des travaux du budget de l'Etat. Bien que cette somme ne soit pas extraordinaire, elle reste importante dans la mesure où il s'agit d'un don et non pas d'un prêt générateur d'intérêts. Par ailleurs, sur le marché international, le partenaire américain offrira à la Tunisie une garantie de prêt. Ce qui permettra le déblocage des fonds dans des délais plus courts. Et on aura la possibilité d'emprunter à des taux très favorables. «Environ 400 millions de dollars seront accordés à des conditions avantageuses d'ici juin-juillet», annonce le secrétaire d'Etat. De même, les Etats-Unis appuieront le dossier tunisien auprès de la Banque mondiale, pour qu'on puisse bénéficier de crédits supplémentaires à des conditions intéressantes, afin de ne pas accabler le budget de l'Etat et les générations futures. A cet égard, les Etats-Unis mobiliseront tout leur poids pour négocier le retraitement des dettes tunisiennes auprès des bailleurs de fonds. Pour ce qui est des entreprises, et plus précisément des PME, un fonds d'investissement de 20 millions de dollars sera mobilisé dans le cadre de l'accord US Tunisia Entreprise Fund. Un bureau sera installé, à Tunis, pour gérer ce fonds, qui le sera conjointement par des Tunisiens et des Américains. En outre, la Chambre de commerce tuniso-américaine (Tacc) organise, le 27 avril, à Washington, un forum pour regrouper les hommes d'affaires des deux pays. Cette initiative est d'une importance capitale puisqu'elle donnera l'occasion aux professionnels tunisiens de rencontrer, dans le même espace, des dirigeants de multinationales correspondant à plusieurs domaines porteurs, à l'instar du géant Boeing, de Fedex.... Pour leur part, les jeunes Tunisiens, notamment les diplômés, bénéficieront d'une enveloppe exceptionnelle de 8 millions de dollars, accordée dans le cadre du plan US AID. Cette somme, d'habitude répartie entre plusieurs pays, financera des formations professionnelles, des études aux Etats-Unis, ainsi que l'apprentissage de l'anglais. Sur un autre plan, plusieurs accords portent sur l'appui militaire. En effet, sécuriser les frontières est l'une des priorités du gouvernement en place. Au menu, on trouve des aides directes en matière d'équipements, notamment de surveillance, de détection d'explosifs et d'armes. A cet effet, une enveloppe de 15 millions de dollars est consacrée à titre d'aide directe. Mieux encore, une délégation technique du département militaire américain se déplacera, ce mois-ci, pour évaluer les besoins et apporter l'aide nécessaire afin d'assurer la sécurité des frontières, notamment dans le sud. Pour ce qui est du dossier des prisonniers de «Guantanamo», un carnet de route a été adopté. Certes, les étapes s'annoncent longues et laborieuses, mais l'intéressant est qu'on va entamer la démarche. «Un calendrier et de la volonté sont les deux conditions nécessaires pour régler ce dossier, et pour que les enfants de Tunisie rentrent chez eux». Surtout que l'amnistie accordée par le président les concerne. Conformément au calendrier, une visite d'une délégation tunisienne à Guantanamo est prévue pour évaluer les conditions de détention des prisonniers tunisiens. De même, une commission d'experts américains se déplacera en Tunisie pour coordonner les conditions de leurs libération. Toutefois, le processus concernera seulement trois des cinq détenus, puisque les deux autres sont demandés par la justice belge. Enfin, la Tunisie sera à l'honneur, le premier juin prochain : un prix de la liberté sera accordé au peuple tunisien et au président Mohamed Moncef Marzouki par le célèbre think tank «Atlantic Council». Ce prix a été accordé dans le passé à l'ancien Chef d'Etat polonais Lech Walesa.