On avait annoncé un match tactique. C'en fut un. Mais il n'y avait pas que cela... L'entraîneur de l'Espérance a-t-il rendu service à son équipe en n'arrêtant pas de dire que l'Espérance ira chercher sa qualification à Casablanca? Evidemment, cela fait partie de la guerre psychologique qui précède une grande bataille mais, en mettant ainsi la pression sur les siens, le coach «sang et or» les a quelque peu «paralysés», en même temps qu'il a ultérieurement motivé un adversaire qui, il est vrai, n'en avait pas besoin. Erreur de casting Nous partons de cette déclaration de «bonne intention» pour poser la question qui s'impose : le onze de l'Espérance aligné à Casa était-il bâti pour gagner ou, du moins, pour aller chercher la victoire? La réponse est non. Non, parce que si on veut gagner, on ne joue pas avec trois pivots (Korbi, Mouelhi et Traoui). De surcroît défensifs. Attention, il ne s'agit pas là d'un reproche, mais d'une constatation. Ce n'est d'ailleurs pas plus mal car un match ne ressemblant jamais à un autre, prendre des risques à Casa aurait peut-être été fatal. Voilà pour le premier point. Le second est lié à cet entrejeu, même s'il concerne les latéraux. Coulibaly à droite, Chammam muselé en phase de relance et d'appui, c'est tout l'épicentre de l'Espérance qui a été contraint de manœuvrer dans sa zone, loin, très loin des trente mètres adverses. Ce qui n'a pas été le cas en phase de poules où l'Espérance s'est carrément installée chez l'adversaire. Il faut dire que ce jour-là, Derbali était à droite, qu'il y avait deux seuls pivots (Korbi et Mouelhi), que M'sakni était flanqué de Darragi et que N'djeng et Bouazzi bénéficiaient de davantage d'appui, tout comme l'entrejeu, du reste, avec Derbali et Chemmam. Rien de tout cela dimanche avec en sus Mouelhi, Korbi et Traoui qui évoluaient sur la même ligne et, pourquoi le cacher, un entrejeu marocain qui a fait valoir une supériorité technique manifeste. Coulibaly et... Darragi Erreurs d'appréciation de la part de l'entraîneur de l'Espérance? Sans nul doute concernant le poste d'arrière droit où Coulibaly a été très en difficulté et constamment sous la menace du carton rouge, alors que Derbali ou Afful pouvaient parfaitement faire l'affaire (au fait, Coulibaly ferait-il la fin de Dramane Traore après avoir été un feuilleton à succès ?!). Un peu moins concernant les trois pivots avec toutefois une précision : la rentrée de Darragi s'est trop fait attendre et ce n'était pas Msakni qu'il fallait relever, à notre humble avis, mais par exemple Mouelhi. Avec un Afful ou un Derbali et Darragi en seconde mi-temps, la donne aurait été tout autre, puisque l'objectif était certes de ne pas perdre, mais aussi de marquer. Trois pivots, un meneur de jeu ou un attaquant de plus? Voilà un problème carrément «philosophique» qu'on ne finit pas de débattre. Ce qui est tout de même intéressant à savoir, c'est que l'entraîneur de l'Espérance est passé de la seconde formule à la première. Question d'équilibres, méforme (ou disgrâce) de Darragi? Un peu les deux sans doute, même si une évidence s'impose pour le match retour : pas de Coulibaly à droite et un pivot en moins. Les arrêts de Ben Chérifia A ce niveau, Darragi s'impose. Comme nous pensons qu'il ne faudra plus offrir au WAC le cadeau de déserter le flanc gauche de l'attaque, ce qui lui a tout de même permis de bloquer, outre Coulibaly à droite, Chemmam. La recherche des équilibres, c'est aussi cela. Pour une fois, à l'Espérance, les satisfactions sont venues de la défense. Hormis Coulibaly, les autres ont été admirables. Ben Chérifia, lui, a été phénoménal avec cinq buts effacés entre la 31' et la 33'. Un coup franc paré, deux corners directs et deux boulets de canon. Du grand art. Contre deux buts tout faits ratés sur l'autre front par Mouelhi. Un match plein d'enseignements de part et d'autre et nuits blanches en perspective pour Decastel et Maâloul avant samedi prochain. On vous a bien dit qu'on n'aimerait pas être à leur place! ------------------------------------------------------------------------ Fiche technique Stade Mohamed-V de Casablanca— WAC-EST 0-0 45.000 spectateurs - Arbitrage du Camerounais Néant Avertissements : Ajeddou, Fattheh (WAC), Bouazzi, Coulibaly (EST) WAC : Lamyarghi, El Massane, Rami (Zaïdoun), Rabeh, El Amrani (Mankari), Ajeddou, Fatteh, Lakhal (Kaddioui), Massassi, Berrabah, Ondama. EST : Ben Cherifia, Coulibaly, Chammam, Hichri, Banana, Korbi, Bouazzi (Afful), M'sakni (Darragi), Mouelhi, Traoui, N'Djeng (Slama).