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Salah Khmissi : l'artiste de la satire et de la dérision
Poètes et paroliers pour l'éternité
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 04 - 2010

Ils étaient copains. Ils s'amusaient beaucoup et ne se prenaient pas au sérieux. Ils avaient pourtant à cœur de corriger les tares d'une société tunisienne qu'à l'époque, l'analphabétisme maintenait dans son arriération sociale et mentale. Ils y allaient à coups de publications, de poésie populaire, de satire. Qu'ils fussent Taht essour, dans un café ou au fond d'une boutique de menuiserie ou de coiffure, ils n'y allaient pas de main-morte pour réveiller un tant soit peu une société sur laquelle pèse la lourde mainmise d'un colon peu soucieux de son développement. Ils s'appelaient Ali Douagi, Hassine Jaziri, Bayram Ettounsi à ses débuts…et bien d'autres. Lui, a choisi la chanson pour véhiculer ses idées et ses critiques. Il s'appelait Salah Khmissi.
Pourquoi avons-nous choisi de parler de lui dans cette rubrique réservée aux poètes ? Eh bien, tout simplement parce qu'il a écrit la plupart de ses textes, notamment après le décès de Ali Douagi (en 1949). Ces textes méritent bien que l'on s'y intéresse. C'est notre façon de rendre hommage à un artiste très particulier, hors normes, unique en son genre car, après lui, cinquante ans après sa disparition, personne ne l'a remplacé si ce n'est Hédi Semlali dans quelques rares créations. Nous pensons en particulier au sketch du Traducteur ou à la chanson humoristique : Andi wildi ya hodhar écrite et composée par …Ridha Kalaï!
La vie de Salah Khmissi :
Il naît à Testour, la ville andalouse dont est originaire l'écrivain Ahmed Hamrouni à qui nous devons nos lectures riches de biographies et d'histoires de nos artistes et hommes de lettres. Sa date de naissance nous est chère : le 13 septembre; nous aussi ! l'année: 1912, comme sa contemporaine, Saliha, qui, nous le verrons plus tard, manifestait de l'amitié pour lui et qui décédera la même année : 1958. La famille du petit Salah, de son frère Mohamed et de sa sœur Emna, quitte Testour pour s'installer à la rue Souki Belkhir, dans le quartier populaire de Halfaouine. La famille s'agrandit alors avec la naissance de Hédi et Nefissa. Son père travaille dans la maroquinerie et le cuir.
Dès l'âge de cinq ans, il montre ses dons d'imitateur et ironise sur tout et se moque de toute situation, y compris en classe. Il quitte l'école primaire pour travailler dans la menuiserie, en particulier la fabrication de luths et de flûtes (naï). En 1928, il adhère à la «Zitouna Sport» dans la section d'athlétisme. Très bon coureur de fond malgré un corps chétif, il réussit à se faire une place dans l'équipe, ce qui ne l'empêche pas de rejoindre également les scouts où il développe ses dons d'humoriste.
En 1934, à la naissance de la Rachidia, alors âgé de 22 ans, et formé par le maître syrien Ali Dérouiche, comme un certain nombre de musiciens de l'époque, Salah Khmissi choisit le naï et joue désormais aux côtés de Salah Mehdi. La vie lui sourit lorsque Mohamed Triki dirige cette institution et lui donne sa chance pour monter sur scène non pour jouer du naï mais pour chanter à sa façon des textes qui ont immédiatement un succès inattendu ! En 1943, il entre à la radio sous Noureddine Ben Mahmoud et y fait la connaissance de plusieurs poètes et hommes de lettres. Il côtoie Saliha et leur amitié devient étroite à telle enseigne qu'ils projettent de créer un spectacle nommé Saliha wa Slayeh .Très demandé depuis, notre monologiste continue de plus belle avec des textes triés sur le volet, signé Ali Douagi, puis Salah Khmissi. Il meurt à la suite d'une hépatite le 10 juillet 1958.
Le legs de Salah Khmissi :
On parle d'un répertoire de trois cents chansons, mais hélas tout n'a pu être conservé. La phonothèque de la radio compte une trentaine de chansons humoristiques qui donnent une idée importante de la société qu'il critiquait. Or, à vrai dire, ces thèmes restent d'actualité car les sujets traités sont si humains qu'il n'y a, en fait, pas beaucoup de différence entre cette époque-là et celle-ci. Ali Douagi dont Salah disait que c'était une bombe pleine d'humour (Ahmed Hamrouni) lui a écrit : habit ntoub netzaouej (je voulais me marier), ana omri ma skirt (je n'ai jamais été saoul), et tadouir eddam w la el ham qui, paraît-il, a été écrite lorsqu'il a été mis en congé forcé suite à sa chanson Erradio, écrite par Douagi. Il y lançait des critiques insoutenables que les responsables de l'époque ont jugé trop osées. Quelques rumeurs non démontrées ont touché sa relation avec le pouvoir de l'époque qui mériteraient d'être mieux connues pour la transparence et pour l'histoire.
Mais Salah Khmissi s'est mis également à écrire tout seul, apprenant le métier sur Hassine Jaziri. Baba htirr kif kbirr ! : il y critique son supposé père qui décide à un âge avancé de se remarier. Sa lutte contre la guerre est décrite dans : Elli nekrhou fiddam : el harb ! w nhib essalam (j'aime la paix et déteste la guerre). Dans Ommi el Akri, il parle des dagueza, ces liseuses de bonne aventure qui n'avaient pas que ce don-là. D'autres chansons restent dans nos mémoires telles que : Habbouni w eddallalt (j'étais aimé, j'étais gâté), Ya khbitha ya dabbouza où il parle de la bouteille et de ses méfaits.
Ainsi le choix des thèmes correspond parfaitement aux tares d'une société recroquevillée sur elle-même, souvent illettrée, pauvre, bourrée de préjugés et soumise à un protectorat censeur et peu préoccupé par l'éducation et le développement. Cette élite littéraire et artistique s'est dévouée, qui par la poésie, qui par la chanson, à amuser les gens tout en les poussant vers le changement, notamment dans leur relation à la femme et leur idée sur sa libération. Nous l'avons vu avec Hédi Labidi. La particularité de Salah Khmissi résidait dans ce style fort populaire qu'étaient l'humour et la dérision pour inculquer aux gens une autre vision de la vie. Et il y a réussi puisque cinq décennies après sa disparition, nous avons autant de plaisir à rire ou du moins à sourire en l'écoutant. De nos jours, c'est chose rare et ce genre d'humoristes ne court ni les rues ni les scènes. Or, l'humour est sans aucun doute et comme le dit Wolinski: le chemin le plus court d'un homme à un autre ! (Les Pensées, 1981)


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