1-L'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) vient de prendre la décision de poursuivre en justice les partis politiques qui ont refusé d'arrêter leurs campagnes de publicité politique. Comment réagissez-vous à la décision de l'Isie ? Qu'elle soit juste ou fausse, la décision de l'Isie sur l'interdiction de la publicité politique doit être appliquée par les partis politiques du moment qu'ils ont exprimé leur accord sur le fait que le processus électoral est conduit durant toutes ses phases par l'Instance des élections. Ses décisions doivent être respectées à tout prix. Et là, je me demande comment ces partis politiques récalcitrants vont se comporter à l'avenir et vont respecter la loi ou agir… à la carte ? Je pense que l'Isie a le droit de recourir à la justice et d'aller jusqu'à déclarer invalides les listes des partis politiques ayant enfreint la loi. Toutefois, les partis ont le droit, également, de faire valoir leurs positions et de les défendre devant la justice, au cas où l'on ne parvenait pas à une solution satisfaisante pour toutes les parties. 2-Comment évaluez-vous l'action accomplie par l'Isie en matière d'accréditation des observateurs tunisiens et étrangers et de désignation des contrôleurs qui auront à suivre l'opération électorale ? Volet accréditation des observateurs, je relève que l'Instance a répondu favorablement aux demandes des organisations et associations dont les dossiers répondent aux conditions requises. Toutefois, nous déplorons le manque de communication et d'information sur les lois qui régissent l'opération électorale durant toutes ses phases. Cette situation pose un grand problème pour les formateurs appartenant aux associations dont l'action de formation des observateurs se trouve confrontée à beaucoup de difficultés, en particulier les dispositions juridiques à dispenser aux observateurs des élections. Toutes ces données devaient être mises à notre disposition bien avant le démarrage du processus électoral. Il est inacceptable d'observer que, jusqu'à aujourd'hui, nous ne savons pas comment se déroulera le scrutin ni comment sera confectionné le bulletin de vote. Pour nous, il est important que le bureau de vote soit capable d'accueillir un nombre assez important de contrôleurs de l'Isie, d'observateurs relevant des associations tunisiennes ou étrangères, d'observateurs représentant des candidats en compétition et enfin de votants. 3-Les listes présentées par les partis politiques et par les indépendants ont suscité la déception de plusieurs observateurs quant au nombre insignifiant de femmes têtes de liste. Qu'en pensez-vous ? Moi, personnellement, je n'ai pas été surprise par ces listes où les femmes têtes de liste se comptent sur les doigts d'une seule main. Le débat et la discussion sur les droits de la femme et sur la parité sur les listes de candidatures à la Constituante, c'était de la surenchère de la part des partis politiques. En outre, le nombre des femmes occupant des postes de responsabilité ou de direction au sein de ces mêmes partis, plus particulièrement ceux qui ont émergé après la révolution du 14 janvier 2011, est vraiment insignifiant. Il dénote l'absence d'une volonté réelle de faire participer la femme à la vie politique. C'est aussi la responsabilité des femmes elles-mêmes qui acceptent de remplir les chaises vides. C'est ce que nous avons observé chez beaucoup de partis qui se sont trouvés obligés d'inscrire des noms de femmes sur les listes, sans que ces femmes sachent ce qu'elles seront appelées à faire, si par hasard, elles faisaient partie de la prochaine Assemblée constituante.