Contre toute attente, le ministère des Affaires étrangères du Canada a adressé, le 15 septembre, une fin de non recevoir aux autorités tunisiennes en réponse à la demande d'ouverture des bureaux de vote sur son sol. Y compris dans les représentations diplomatiques tunisiennes, à savoir le siège de l'ambassade à Ottawa et celui du consulat à Montréal qui abrite le siège de la représentation de l'Isie pour les Amériques. La raison invoquée est que la loi canadienne interdit le déroulement de ce genre d'élections sur son territoire. "Cette décision, en totale contradiction avec les promesses faites aux responsables de l'Isie par l'ambassadeur canadien à Tunis au mois de juin dernier en vue de faciliter l'organisation du scrutin, nous a pris de court", confie Ridha Torkhani, membre de l'Isie chargé des Tunisiens à l'étranger. C'est d'ailleurs le seul pays parmi ceux qui ont été sollicités à refuser une telle demande. Ce qui est surprenant de la part d'un Etat qui a des traditions démocratiques fortement ancrées et qui a toujours été du côté des peuples épris de liberté et de démocratie. Pourtant, en 2009, les Algériens résidant au Canada ont pu mener campagne et voter pour élire leur représentant à l'Assemblée populaire nationale et Ottawa avait uniquement refusé d'autoriser l'utilisation des bureaux de vote ambulants que les autorités algériennes voulaient mettre en place pour couvrir le vaste territoire canadien. De même, pendant la même année, les Français ont-ils pu élire leurs représentants à l'Assemblée des Français à l'étranger. La raison est à chercher ailleurs et probablement du côté de la double nationalité des candidats et des électeurs, chose que le gouverneur conservateur canadien ne voit pas d'un bon œil. Que faire alors? "L'isie a d'autres solutions, d'autant plus que rien n'interdit d'organiser les élections à l'intérieur même des sièges de l'Ambassade et du Consulat", explique Ridha Torkhani. D'ici là, les autorités tunisiennes vont revenir à la charge pour convaincre le gouvernement d'Ottawa de revenir sur sa décision qui risque de priver les Tunisiens résidant sur son territoire de participer à ces premières élections libres de l'histoire de leur pays.