Ils sont une vingtaine de juristes, psychologues, médecins, enseignants, experts-comptables, étudiants et même chômeurs, hommes et femmes, à être «convoqués» par l'Institut arabe des droits de l'homme et la Ligue tunisienne des droits de l'homme, avec le soutien de l'Alliance des associations de la société civile, pour suivre une formation technique afin de devenir formateurs d'observateurs des élections. Cela s'est passé les 7 et 8 septembre à Tunis. La première journée a été consacrée à la formation théorique en matière de législation électorale et à des débats inévitablement politiques; la seconde, au volet pratique sous forme d'ateliers proposant notamment des exercices d'application et, au besoin, de simulation en matière de détection des irrégularités électorales. Les participants viennent de différentes régions du pays et sont tous membres d'associations faisant partie d'un réseau de la société civile qui a été chargée de dénicher les candidats potentiels à la mission d'observateur et, ensuite, de les former. La plupart d'entre eux ont déjà participé à un premier séminaire qui s'est tenu à Mahdia et qui a été suivi par 70 personnes. Un des concepteurs des outils de travail et des modules de formation, M. Khaled Dridi, conseiller général en information et orientation scolaire et universitaire, indique que la formation consiste à apprendre aux participants l'utilisation des grilles d'observation et la rédaction des rapports qui exige un savoir-faire et à leur expliquer les deux codes qui lient tout observateur, à savoir le code de conduite et le code d'honneur qu'il doit adopter. «Etre un observateur exige un savoir-faire et un savoir-être, souligne l'expert, ajoutant que cette formation permettra aux participants de s'imprégner des textes juridiques et aux organisateurs de fignoler leurs outils pédagogiques et de les valider». Un large réseau de formateurs est, en définitive, en train d'être constitué, ce qui sera un acquis indiscutable pour les futures échéances électorales. Six mille observateurs pour... dix mille bureaux ? La date du 23 octobre semble très proche au regard du volume de travail qui reste à faire par l'Instance supérieure indépendante pour les élections et ses partenaires afin de garantir des élections libres et démocratiques que souhaitent tous les Tunisiens, surtout au niveau de la préparation et de la formation des milliers d'observateurs nécessaires au bon déroulement du scrutin et de l'ensemble du processus électoral. En effet, à ce jour, on est bien loin du compte en ressources humaines, sachant que les avis des experts semblent se stabiliser autour de dix mille bureaux de vote pour les élections du 23 octobre prochain. «Nous n'arriverons pas à la barre des 2 ou 3 observateurs par bureau de vote. C'est pourquoi nous espérons qu'il y ait au moins un observateur par bureau, car le plus important est d'être présent dans tous les bureaux de vote du pays : c'est la seule garantie pour des élections sûres», explique à son tour M. Chafik Sarsar, maître de conférence à la faculté de Droit de Tunis, expert à la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution et un des concepteurs de ces sessions de formation des formateurs... Ce ne sera pas le cas, semble-t-il, puisque le meilleur pronostic est situé à six mille observateurs formés pour les élections. Il est essentiel de savoir que la mission de ces «agents» des élections est à la base de la validation du scrutin en tant qu'opération électorale libre, démocratique et transparente, et que c'est à la faveur des remarques et observations qui figureront dans les rapports des observateurs nationaux et internationaux, et qui seront examinés par des instances spécialisées internationales, que l'on pourra attester de la validité des élections et de l'ensemble du processus électoral. Cela explique le sérieux et la rigueur avec lesquels est traité le dossier de l'observation des élections, que l'Isie a étroitement lié à des conditions strictes d'éligibilité au statut d'observateur, telles que la formation en matière de législation électorale et d'observation des irrégularités susceptibles d'entacher le processus électoral et l'opération de vote. Et il explique aussi l'inquiétude des personnes chargées de l'organisation de ces élections. Dès lors, il y a lieu de se demander ce qu'attendent les associations et autres ligues et ONG pour donner un coup de pouce, pour lancer des appels à la participation et doter ainsi le processus électoral des moyens humains nécessaires à sa réussite.