C'est escortés par les soins de la police nationale que des manifestants appelant à la défense de la démocratie et à la réussite de la transition démocratique ont entamé leur marche le jeudi 21 juillet à partir de 13h, prenant comme point de départ la place du Passage vers la place Pasteur en traversant l'avenue de la Liberté. 13h, le temps que les participants s'organisent avant le début de la marche. La foule à l'image de ce rassemblement était diversifiée entre partisans de différents partis, simples passants ou autres curieux qui s'étaient arrêtes. On notait également la présence timide de jeunes adolescents qui portaient des pull-over arborant les logos de chaque parti. A la question sur les initiateurs de la manifestation, l'un d'eux (peut-être intimidé!?) n'a pas trouvé de réponse, il est vite rattrapé par un adulte qui nous invite à discuter avec un responsable. Nous décidons d'aborder Maya Jribi, secrétaire générale du parti démocrate progressiste (PDP). Elle nous explique que cette manifestation, organisée par un bon nombre de partis, vient rappeler que nous sommes encore dans une phase de transition démocratique avec tout ce que cela implique comme nouvelle nomenclature, à savoir, et entre autres, le droit de manifester pacifiquement et la liberté d'expression qui garantiront le devenir démocratique de notre pays. Deux acquis chèrement gagnés et qui ont été malheureusement ébranlés lors de récentes manifestations. «C'est en réaction aux dérives policières des dernières semaines que nous nous sommes organisés avec d'autres partis politiques pour tirer la sonnette d'alarme», note cette dernière et de reprendre: «Cette manifestation est un appel collectif pour la défense du processus démocratique, contre la violence et contre toute tentative de déstabilisation». Selon Maya Jribi, quelques partis politiques, dont elle a souhaité taire les noms, seraient derrière ces campagnes et ces actes de déstabilisation. Nous allons à la rencontre d'une jeune femme membre du PDP également, qui nous informe que parmi les partis participant figurent le partis Ettajdid, El Watan, El Afak, le Forum démocratique pour le travail et les libertés et le parti communiste des ouvriers de Tunisie (Poct). Maya Jribi nous informera par la suite que le Poct n'est pas de la partie. «Les participants sont, entre autres le PDP, Ettajdid, el Afak, le Forum et le Parti du travail patriotique et démocratique tunisien (Ptpdt)», précise cette dernière. Le signal est donné et voilà que les manifestants, escortés et protégés par des policiers, entament leur marche sous les slogans et autres appels qui fusent de toutes parts‑: «Non à la violence !» ou encore «la liberté est une responsabilité. Non au RCD! Non à l'obscurantisme !» comme le clament les partisans du Ptpdt. D'autres plus radicaux ont appelé à la chute du gouvernement. Les impressions de la rue sont mitigées, entre ceux qui approuvent ce rassemblement et n'hésitent pas, d'ailleurs, à le rejoindre et ceux qui le rejettent en notant que les revendications du peuple transcendent celles des partis. «Ils sont loin de réclamer les vraies revendications, à savoir la poursuite en justice des criminels et des corrompus de la nation. L'indépendance de la justice et la libération des jeunes qui ont été arrêtés lors des dernières manifestations», note Walid, un jeune technicien en maintenance. Les manifestants, banderoles et drapeaux en main, ont poursuivi leur marche collective le long de l'avenue de la liberté pour atteindre la place Pasteur, chaque parti clamant ses slogans. De temps en temps les partis se rejoignaient pour fredonner en chœur l'hymne national qui vient rappeler que le peuple tunisien est un peuple uni et que l'on aura du mal à le diviser...