Par Kamel BOUAOUINA* L'interruption de la production à la cimenterie d'Enfidha s' est produite déjà depuis deux semaines. De lourds dégâts s'en suivent et endommagent cette grande entreprise fleuron de l'industrie cimentière nationale créée en 1976, entrée en production en 1983, privatisée en octobre 1998 et cédée en 2005 au groupe espagnol CPV. Grâce à ses deux fours, elle produit plus de 1.700.000 t de clinker avec une pénétration de 28% au marché local, employant directement et indirectement plus de 500 personnes. La création de cette cimenterie fut un grand événement économique dans la région du point de vue investissement (90 millions de dinars), création d'emplois et satisfaction en ciment qui a connu une pénurie durant la période 1975-1980. La privatisation de la cimenterie a été bénéfique pour cette entreprise qui a renouvelé ses installations, augmenté sa capacité de production (extension de la ligne de production du four n°1, renouvellement du système contrôle commande) ajouté une deuxième ligne de production, converti de l'énergie et du combustible du four du fuel vers le coke. On y a réalisé aussi un système réduisant l'émission des poussières et on y a changé le processus de l'enchâssement avec une enveloppe générale de 1200 millions de dinars. Tous ces investissements ont modernisé le travail dans cette entreprise, rendant la production plus propre et répondant aux exigences normatives. L'origine de cette interruption, ce fameux sit-in observé par certains habitants de la localité de Ain Mdhaker, village voisin de la carrière qui ont confisqué les équipements lourds, menaçant de les mettre en feu au cas où on ne répondrait pas à leurs demandes jugées excessives, (emploi pour leurs enfants, adduction en eau potable, charge financière pour leurs étudiants, compensation des maisons endommagées par l'abattage à la carrière, édification d'un dispensaire et adoption d'une école primaire). Aujourd'hui, la société est prise en otage. Elle est dans l'incapacité de rendre de précieux services au pays dans un moment difficile et crucial que connaît notre économie, victime de l'inconscience de certains qui ne se rendent pas compte de leurs torts et des préjudices qu'ils peuvent causer à leur région. Mais le plus grave est que cette interruption a touché directement et indirectement plus de 45.000 employés travaillant dans différents secteurs outre la BTP au gouvernorat de Sousse seulement. Où sont passés le gouvernement, la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution, les partis, l'Ugtt, les élites, la société civile ? N'y a-t-il pas moyen de faire entendre raison aux responsables de ces sit in ? Devrions-nous donc nous résigner à la fatalité de l'échec pour le plus grand bonheur des extrémistes qui cherchent le déclin de l'Etat et son autorité et le triomphe du chaos !