Par Hédi Balegh Ni emphase ni exagération dans ce titre emprunté à un vers de Voltaire si peu enclin à l'emphase et à l'exagération. Voltaire a été, comme on sait, l'un des fossoyeurs avec les autres philosophes, Montesquieu, Rousseau et Diderot, de l'ancien régime en France, et l'un des bâtisseurs de la société nouvelle basée sur la citoyenneté. «Sois toujours un héros». Sinon la vie mérite-t-elle d'être vécue? Si l'on ne se dépasse pas, si l'on n'aspire pas vers les sommets mérite-t-on ce titre d'homme, «calife de Dieu sur terre ». Etre homme, c'est facile ; être un homme, voilà qui est difficile. Pour qu'on ne rougisse pas de soi, devant son miroir. Voilà la voie qui mène à l'héroïsme au quotidien, le vrai. Le héros n'est pas seulement celui qui meurt à la guerre au service de sa patrie, c'est aussi celui qui, au sein de sa nation, mène la guerre contre l'injustice, la misère, l'ignorance. Il ya plus de mérite à tuer la guerre avec les mots qu'à tuer les hommes avec le fer. Et tout cela, tous les jours que Dieu fait, sans renoncer à cette lutte vers les sommets, à l'instar du héros de la mythologie grecque, Sisyphe, condamné à pousser son rocher vers le haut de la montagne, rocher qui, de là dégringolait et que Sisyphe remontait de nouveau sans désemparer et désespérer... «Sois toujours un héros». L'homme, au quotidien, est ce Sisyphe-là. Son travail, bien accompli, est son rocher. Et nous retrouvons le citoyen qui n'est plus un sujet mais, pesons bien ce mot, un citoyen appelé à construire sa nation surtout lorsque celle-ci est en danger, comme la nôtre aujourd'hui, après sa Révolution. Revenons, justement, à notre Révolution. Qu'est-ce que alors ces pillages, ces incendies, ces grèves intempestives, ces occupations de centres de travail, ces barrages sur les routes et autoroutes, tous ces actes indignes d'un citoyen ou même d'un ex-sujet. Sisyphe ne roule plus son rocher qui risque alors de lui tomber dessus et de l'écraser.