La société Artsidi, spécialisée dans l'artisanat innové et dont l'usine est située à Tajerouine. Employant 100 personnes dont 12 handicapés, elle se trouve, actuellement, à la croisée des chemins : parviendra-t-elle à surmonter la crise et à redémarrer son activité de production, celle commerciale et celle exportatrice? Parviendra-t-elle à protéger son effectif d'un chômage imminent? Et comment pourrait-elle passer le cap après ce qu'elle a subi durant la révolution et face à des mesures insatisfaisantes et des compensations minimes? Les dégâts qu'a enregistrés Artsidi ont été tels que même les câbles électriques ont été volés. «Durant la période post-révolution, des inconnus se sont introduits dans l'entreprise détruisant tout ce qui était à leur portée. Les meubles, les équipements, les ordinateurs, la marchandise, tout a été détruit, sinon volé. Ils ont également détruit des appareils coûteux, dont un appareil laser valant 40 mille dinars, une machine pour découper la mosaïque, ainsi que 600 moteurs. Leurs mains malveillantes ont même atteint les documents et les factures qui ont été déchirés», relate M. Bechir Ben Saïd, chef de l'entreprise. Outre la marchandise détruite, certains spécimens innovants, notamment un aquarium sous forme d'une jarre traditionnelle, ou encore ce cendrier qui retient la fumée ont été volés pour être vendus sous d'autres cieux. «Je suppose que ces actions criminelles ont été accomplies pour me punir parce que je viens de la région du Sahel, région d'origine du président déchu. De surcroît, j'étais à l'étranger durant cette période pour conclure un marché, et les riverains ont sûrement pensé que j'avais fui», ajoute M. Ben Saïd, tentant de donner une explication à ce qui a pu être à l'origine de la catastrophe. En termes de chiffre, les dégâts ont été estimés à 400 mille dinars. M. Ben Saïd se désole d'une telle perte, mais aussi de l'impact d'un incident sur le parcours de l'entreprise. En effet, Artsidi a démarré son activité en 2006. Au bout de quelques années, elle est parvenue à se trouver une place sur le marché international. Le petit parcours qu'elle a accompli revient aussi, mais surtout au sérieux du personnel. «L'effectif de Artsidi est essentiellement féminin. Les filles travaillent sans relâche pour préparer les commandes à temps. D'ailleurs, elles éprouvent un sentiment d'appartenance à l'entreprise qui leur permet de gagner leur pain et de vivre dignement. Aujourd'hui, ces filles dépriment à l'idée de voir leur travail menacé», renchérit notre interlocuteur. Pour reprendre son activité, préserver sa place sur le marché international et protéger son effectif du spectre du chômage, Artsidi a besoin de faire l'acquisition des appareils indispensables à la production des articles artisanaux, mais aussi de la matière première et de tout ce qui est nécessaire à l'entreprise. «Nous avons sollicité l'appui du Premier ministère, du ministère de l'Emploi, du ministère du Tourisme et de l'Office national de l'artisanat, en vain. La seule réponse que nous avons eue limite la compensation matérielle à seulement 40% du montant des pertes, ce qui est minime», indique M. Ben Saïd. Et d'ajouter que l'entreprise ne pourrait reprendre à zéro sans une compensation estimée à 100%. «Dans la région de Tajerouine, il n'existe que deux entreprises, dont Artsidi. C'est dire son importance en matière d'embauche pour les filles de la région», fait remarquer notre interlocuteur.