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Mme Wiem Sitaoui (enseignante universitaire) : Appel à une consultation nationale sur le mode de scrutin à choisir Transition Démocratique - 3 questions à :
Que pensez-vous des deux modes de scrutin proposés par la haute instance ? Une Constituante élue devrait être représentative de la volonté du peuple, mais comment sera-t-elle élue ? Deux modes ont été proposés dans le cadre de la haute commission pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique. Un mode de scrutin uninominal permet de choisir une personne, un candidat, dans une circonscription électorale bien déterminée. Ce mode permettrait aux Tunisiens non organisés au sein des partis politiques de se présenter pour leurs qualités personnelles et professionnelles. Je pense que ce mode de scrutin favorise les candidats les plus aisés financièrement puisque les chances de réussite seront tributaires de l'importance du financement de la campagne électorale. Quant au deuxième mode de scrutin, on distingue entre deux cas : le cas de la liste fermée (à prendre où à laisser), l'électeur, en la choisissant, choisit tous les candidats y figurant et le cas de la liste ouverte en vertu de laquelle l'électeur pourrait cocher des candidats au sein de la liste et des listes candidates présentes (c'est le panachage). Pour ce qui est du choix des deux modes, je pencherai davantage vers un scrutin de liste ouverte car d'une part le scrutin de liste, tel qu'il a été présenté par la haute commission, consacre la parité entre hommes et femmes, alors que le scrutin uninominal ne peut pas consacrer cette parité étant donné qu'on a un siège par circonscription. En outre, dans le cas de la liste ouverte, l'électeur peut choisir librement des candidats de chaque liste et pourrait même constituer sa propre liste à partir des listes candidates présentes sous condition de mise en place de moyens de dépouillement fiables. D'après vous, quel mode conviendrait le mieux pour l'élection de la prochaine Constituante ? A vrai dire, chaque mode de scrutin a ses avantages et ses inconvénients et devant la polémique autour du choix entre ces modes, il faut bien organiser une consultation nationale pour que le peuple, auteur de la révolution, choisisse le mode grâce auquel il va choisir les membres de la Constituante. Pour ce qui est de mon choix personnel, il me semble que le mode le plus démocratique est le scrutin de liste ouverte à la proportionnelle. Ce mode donne la chance à tous les partis politiques pour présenter des candidats (la proportionnalité ne permet pas à un parti politique d'avoir la majorité à l'Assemblée). De plus, il permet de choisir des candidats en fonction de leur appartenance à leurs partis politiques mais aussi en fonction de leurs qualités personnelles et professionnelles. Que pensez-vous de la prolifération des partis politiques et quelles seraient les forces qui pourraient animer la vie politique nationale et agir en vue d'éviter les dérapages ? La prolifération des partis politiques est le fait des démocraties, on ne fonde pas de partis politiques sous les dictatures. Certainement, les partis politiques qui ont généralement des assises idéologiques culturelles et sociales vont jouer un rôle important dans l'animation de la vie politique, mais à côté de ces partis, il y a d'autres forces qui pourraient agir en vue d'éviter les dérapages, comme c'est le cas pour la participation associative qui est avant tout un acte social. Participer, c'est se joindre volontairement à d'autres pour atteindre des objectifs communs, résoudre des problèmes perçus comme communs ou exprimer collectivement des opinions et des valeurs partagées. La fonction principale d'une association ou d'un parti politique est de servir de lien entre individu et Etat en l'absence d'une réponse institutionnelle à un problème vécu socialement ou à des besoins partagés par un certain nombre d'individus.