Bien des choses ont changé depuis que nous avons écrit notre dernier billet dans cet espace. Cela remonte à 17 mois. C'est long comme la mort, la privation de la faculté de s'exprimer. Pourtant, il n'aura fallu qu'une petite poignée de semaines pour que les choses changent du tout au tout ; une courte période qui semble avoir l'étendue de l'éternité, tant il est vrai que la liberté est inscrite dans les gènes comme le souffle de la vie. Pour désigner un chat, on en disait qu'il était un être qui, la nuit venue, était uniformément gris ; qu'il fallait, pour un oui ou pour un non, lui administrer des corrections afin d'instruire les jeunes mariées. Un certain était allé jusqu'à se vanter d'avoir mis en charpie un responsable de haut rang et de grande corruption mais avec des mots si bien choisis qu'il ne pouvait y voir que du feu. Bel exercice de vaine gymnastique verbale qui a servi aux plus «hardis» de se mettre à bon compte en règle avec leur conscience ou ce qui en tient lieu. Pour ce qui nous concerne, nous nous sommes exprimés dans les limites de ce qui était tolérable dans le cadre d'une double contrainte, celle du système et celle du statut «gouvernemental». Si nous avons pu, parfois, pousser un peu loin cette limite, c'est tout simplement que, pour ceux qui tenaient nos destinées en main, le débat culturel, en particulier celui relatif au patrimoine, n'était que d'un intérêt tout à fait mineur. Aujourd'hui, il n'y a plus de limite à l'expression si ce n'est celle qu'impose la déontologie de notre profession ; il n'y a plus non plus de raison de ne pas appeler un chat un chat. C'est sous cette double devise que nous reprendrons cette rubrique.