Le club a vigoureusement réagi à la grève de ces quatre joueurs Le verdict est tombé comme un couperet avant-hier mardi faisant état de la mise à l'écart de quatre joueurs, coupables d'avoir ignoré la convocation à un match amical et de s'être éclipsés, le week-end dernier, sans donner le moindre signe de vie. Le prétexte de cette fugue était manifestement le non-paiement de la totalité du salaire de février. Mais tout le monde est unanime que cet acte de rébellion constitue un fachaux précédent et peut nuire à la solidarité et à l'homogénéité du groupe, d'autant qu'il vient couronner un vent de contestation qui a soufflé dans l'équipe aghlabide sous l'ère Mejri, Hidoussi et Okbi. Mais le mal est fait et la situation risque de s'envenimer davantage dans ce contexte difficile où la JSK a besoin de l'union sacrée de toutes les parties prenantes : dirigeants, staff technique, joueurs et supporters, pour venir à bout des difficultés de tous genres et retrouver la confiance et la sérénité avant la reprise imminente du championnat. Soucieux de tirer au clair cette situation qui a causé bien des désagréments dans l'entourage du club et qui a fait tache d'huile, nous avons contacté le Dr Fateh Alouini, président du club, M. Elyès Ben Hassine, président de la section de football, M. Mourad Okbi, entraîneur de l'équipe-fanion, et M. Moncef Ouada, ex-gloire de la JSK et l'un des artisans du sacre de 1977, qui nous ont fait part de leurs réactions et de leur manière de voir les choses. Fateh Alouini : «Nous userons de nos droits pour défendre notre club» «J'ai toujours été partisan du dialogue et de la concertation et tenu compte des avis contraires, avant de prendre la moindre décision. J'ai parlé en personne aux joueurs pour leur exposer les difficultés financières que nous connaissons et le manque d'argent frais dont nous souffrons, tout en leur promettant que la situation sera régularisée avec l'afflux des premiers dons et subventions adressés au club. La plupart des joueurs ont été convaincus et ont retiré leur avance sur salaire, vendredi dernier, et disputé le match amical programmé pour samedi. Mais j'étais surpris d'apprendre que quatre joueurs ont délibérément choisi de faire la sourde oreille à mes propos. A la JSK, on ne badine pas avec la discipline, et en tant que premier responsable du club, je compte avoir recours à la réglementation en vigueur et user de tous nos droits pour défendre l'intérêt du club, conformément à notre statut et aux clauses de notre contrat avec les joueurs en question. Nous avons engagé les premières procédures avec le constat d'un huissier-notaire, le jour du match, puis la tenue de la commission de discipline qui a eu à statuer sur leur cas et à imposer des sanctions financières et une mise à l'écart, en attendant de porter plainte auprès des instances fédérales». Elyès Ben Hassine : «Il n'y a pas le feu» «La JSK se porte bien et est capable de se tirer de cette mauvaise passe, grâce à la richesse de son effectif, à la bienveillance de son staff technique, aux encouragements de ses fans et sympathisants et à la solidarité de ses joueurs. Certes, un comportement pareil peut entamer la sérénité du groupe, mais nous sommes assez forts pour surmonter cette rude épreuve et retrouver notre allant. Pour ma part, je suis encore sous le choc de ce mouvement de grève orchestré par Mahjoubi, le capitaine de l'équipe, Ghannem qui a reçu de ma part cinq mille dinars, au titre d'une avance sur la prime, Jaber que nous avions reconduit cette saison et Jabnoun qui normalement sera encore aghlabide la saison prochaine. Il n'ont pas cru en notre parole. Pourtant, tous leurs collègues ont touché, comme promis, leurs salaires de février. Nous avons fait de notre mieux pour honorer nos engagements financiers, alors que sous d'autres cieux, certaines équipes n'ont pas pu s'acquitter de leur dû, en faveur de leurs joueurs, pour les deux ou trois derniers mois. Chacun doit assumer ses responsabilités, mais je demeure convaincu qu'en dépit de ce fâcheux contre-temps, il n'y a pas le feu». Mourad Okbi : «Je suis déçu» «Moi, j'ai la responsabilité de préparer convenablement mon équipe, de veiller à la bonne ambiance du groupe et d'œuvrer à la création d'une symbiose pour que mes joueurs soient toujours prêts à défendre leurs couleurs et à accomplir leur mission. Quand des joueurs déclarent forfait pour quelque raison que ce soit ou qu'ils font preuve d'un manque flagrant d'engouement et d'émulation aux entraînements et aux matches amicaux, tous mes plans s'en trouvent chambardés et toute ma stratégie tombe à l'eau. C'est pourquoi il est de mon devoir de ne faire confiance qu'aux joueurs qui affichent un dévouement total au club qui les a engagés et qu'ils sont censés défendre. Je suis déçu par le comportement injustifié des joueurs en question qui ont failli à leurs obligations envers leur entraîneur pour une question de salaire, d'ailleurs réglé plus tôt que prévu. Il est de mon droit de les punir en interne même s'ils sont rétablis dans leurs droits et de ne plus compter sur eux dans mon dispositif de jeu». Moncef Ouada : «Il faut savoir raison garder» «J'ai assisté au match amical et j'ai constaté de visu la défaillance des quatre joueurs en question. De mon temps, un tel comportement ne pouvait même pas effleurer notre esprit mais chaque époque a ses propres mœurs et avec le soi-disant professionnalisme, il faut s'attendre à tout. Pour ma part, j'aurais préféré que le club temporise un peu avant de prendre la moindre mesure qui serait peut-être lourde de conséquences pour la suite du parcours. J'aimerais que ces joueurs soient convoqués pour une audience, qu'ils soient écoutés et qu'ils puissent s'expliquer et se justifier. Il faut plutôt dédramatiser la situation et faire preuve de pondération et d'un supplément de compréhension pour surmonter cette épreuve. Chaque problème a une solution quand les intentions sont bonnes. Personnellement, je suis favorable à une réhabilitation de ces joueurs, s'il s'avère qu'ils n'étaient pas malintentionnés, s'ils présentaient leurs excuses pour les désagréments causés et s'ils s'engageaient à respecter leur devoir et leurs obligations envers leur club. Il faut savoir raison garder car la manière forte et la fuite en avant n'ont jamais porté leurs fruits».