Au lendemain de la bourrasque sur des insinuations de dopage au Barça lancée par une radio madrilène, l'affaire se referme sur elle-même aussi vite qu'elle s'est emballée... Du vent ! En reproduisant un immense ventilateur sur sa «Une», la photo d'un Florentino Perez intrigant et d'un José Mourinho éructant, le quotidien catalan Sport a crié tout haut l'indignation de la Catalogne, suite aux insinuations louches concernant l'utilisation de cocktails dopants au Barça. «Assez de mensonges», hurle le journal. Vue de Barcelone, cette polémique est le dégât collatéral de l'avance barcelonaise au classement de la Liga, qui s'est pourtant réduite à cinq points ce week-end. Pas moins de sept pages sont consacrées à l'affaire dans le journal barcelonais, l'une d'entre elles montrant Messi en position de recevoir une prise de sang, pour signifier que le Barça subit 80 contrôles par saison. «Nous ne nous dopons pas, nous prenons des vitamines !» Bien sûr, Marca prend un petit plaisir à faire un appel de «une» montrant une photo de Piqué pas nécessairement à son avantage avec ce titre : «Nous ne nous dopons pas, nous prenons des vitamines», une expression qui prend encore plus de précision page 18 : «Nous prenons des compléments vitaminés». Généralement peu enclins à protéger la réputation de leur rival, les journaux madrilènes sont extrêmement sobres, accordant par la suite un espace réduit à cette histoire et reproduisant fidèlement la réponse du Barça, du FC Valence et la défense de Piqué en conférence de presse. «Rationaliser l'alimentation n'a rien à voir avec le dopage !» Marca, le journal à grand tirage, fait également écho aux propos du docteur Ramon Segura, qui travaille depuis 2006 auprès du Barça. Le nutritionniste explique en substance que Cadena Cope a grossièrement confondu tous les sujets : «Après un effort, les sportifs doivent récupérer le plus vite possible. Pour cela, il y a quelques principes de physiologie à respecter et si des gens au Real Madrid ne savent pas de quoi il s'agit, c'est leur problème. Les contrôles antidopage n'ont juste rien à voir avec l'alimentation. Ils cherchent à détecter les produits étrangers introduits dans le corps pour améliorer la performance. Rationaliser l'alimentation, ça n'a rien à voir avec le dopage». Si l'emballement autour de cette histoire grave s'est arrêté net, c'est aussi car la radio qui a diffusé ce témoignage anonyme incendiaire a fait du rétropédalage. «L'information qu'a donnée «El partido de las doce», c'est que le Real réfléchit aux façons d'améliorer encore les contrôles antidopage, témoigne le directeur de la station. Si le contenu a blessé Valence ou Barcelone, nous demandons pardon, mais nous avons seulement répercuté une information venant de l'intérieur du Real. Nous ne doutons pas que leurs victoires ont résulté de combats loyaux». La radio a publié un communiqué rectifiant ses informations en début de semaine. Une sorte de solidarité émane des journaux madrilènes et catalans par la suite. As rappelle en page 4 que Le Monde, pour une enquête parue en 2007, a été condamné à payer 300.000 d'amendes pour avoir indiqué que Barcelone, le Real Madrid, Valence et le Betis Séville pouvaient avoir eu recours à des pratiques dopantes. Le Secrétaire d'Etat aux Sports Jaime Lissavetzky, qui expliquait la veille que le football espagnol était «propre», peut également dormir tranquille. Le Barça et Valence vont porter plainte Dans son intervention sur les ondes de la COPE, Juan Antonio Alcalá a ainsi affirmé que le club de Florentino Pérez suspecterait ses deux rivaux espagnols de dopage en se basant notamment sur la supposée collaboration de ces derniers avec des médecins impliqués par le passé dans de sombres affaires de dopage, Eufemiano Fuentes plus précisément. Une rumeur qui s'est rapidement propagée et qui a donc contraint le FC Valence et le FC Barcelone à démentir et condamner publiquement cette dite information. Via un communiqué sur leur site officiel, Valenciens et Barcelonais ont également exigé une rectification de l'information divulguée par la COPE, informant qu'ils étudiaient la possibilité d'entreprendre les actions légales appropriées à l'encontre de « toutes les personnes souhaitant porter atteinte à l'honneur de leur club en diffusant des informations infondées «. «Ma source se cache» Et Juan Antonio Alcalá dans tout ça ? Le journaliste espagnol, qui est au cœur de toute cette polémique, est revenu dans la soirée de lundi sur sa bombe médiatique lancée la veille, affirmant que sa source, une personne travaillant au Real Madrid, était bien réelle : «Cette information me vient du Real Madrid. Peut-être que j'ai été utilisé. Mais on m'a donné une information et je n'ai fait que la transmettre. Ma source se cache, mais je suis en tout cas convaincu que le FC Barcelone n'a rien fait d'illégal. Ce n'était pas notre intention de mettre en doute les succès du FC Barcelone», a-t-il commenté, en présentant également ses excuses, sur les ondes de COMRàdio. À Barcelone, l'heure est en tout cas à l'indignation ce mardi, les médias catalans accusant leurs homologues madrilènes de volontairement tenter de remettre en question la légitimité des succès glanés ces deux dernières années par le Barça.