Pas de foot joué, pas de recettes, pas de Promosport, pas de droits TV… Les clubs n'en peuvent plus «J'aimerais comprendre pourquoi on autorise une manifestation qui réunit cinq cent mille personnes et pas des matches de foot». Interrogation individuelle qui devient de plus en plus collective ces derniers temps, en réaction à la paralysie qui touche notre football depuis plus de deux mois, soit depuis le 9 janvier, date de la 14e journée du championnat. Il y a bien eu ce match de coupe d'Afrique qui a opposé le Club Africain à un club rwandais le 9 mars, et qu'on croyait le sésame du retour à la compétition… Espoir d'autant plus déçu que la situation s'est ultérieurement bloquée depuis, avec des parties qui campent sur leurs positions. Pis encore, on interdit à présent les matches amicaux à… huis clos, comme cela a été le cas aujourd'hui pour Etoile-Club Africain. Une situation à la fois absurde et incompréhensible. Car, de deux choses l'une‑: ou la compétition reprend avec le public ou alors on décrète une saison blanche et tout le monde assume ses responsabilités. Ceci sachant que la troisième voie, celle que proposent certains n'a aucun sens et ne peut en aucun cas servir les intérêts d'aucune partie. Nous parlons évidemment du huis clos qui ne résoud aucun problème. Pas celui financier en tout cas et encore moins celui de la sécurité, dans la mesure où on ne sera pas dans une situation réelle et qu'on ne pourra pas de ce fait juger du bien-fondé ou non de la reprise. Argent… Là où nous sommes sans doute d'accord avec les présidents des clubs, c'est au niveau des finances. Sans Promosport, sans tranche de droits de télévision et sans recettes des stades, il est aujourd'hui impossible d'aller de l'avant. La faillite guette tout le monde, les entraîneurs ont de plus en plus de mal à tenir leur groupe, alors que les joueurs pataugent de plus en plus dans leurs têtes. Un autre danger pourrait faire son apparition : il est d'ordre réglementaire. Non rémunéré par son club trois mois durant, un joueur est libre de tout lien contractuel avec celui-ci. Cela risque de créer une confusion monstre et d'aggraver ultérieurement un contentieux qui s'alourdit de jour en jour. Puis, il faudrait bien qu'on nous dise où s'est évaporé l'argent du Promosport et celui de la télévision tunisienne, dont on dit qu'elle souffre d'un déficit de plus de 30 milliards ! Cet argent est bien allé quelque part et si on daigne bien en trouver la trace, il faudrait bien en distribuer un peu aux clubs pour que redémarre l'activité… Car ne nous leurrons pas : sans Promosport, sans droits TV, sans recettes de stade (donc reprise) et sans aide exceptionnelle (pour situation exceptionnelle), c'est tout notre football qui risque de mettre la clé sous la porte. … et sécurité Puis, il y a la sécurité. Là aussi, la situation est absurde. On dit aux clubs qu'ils peuvent rejouer, mais à condition d'assurer la sécurité. Par le biais de stadiers par exemple. Or, il n'y a pas de tradition dans ce domaine et nous n'avons pas des personnes et le temps nécessaire de former des gens pour une reprise que tout le monde souhaite imminente. Puis, quand bien même ils sont là, les stadiers ne peuvent en aucun cas remplacer les agents de l'ordre. Comme l'absence d'un statut juridique, qui leur est propre, leur interdit toute marge d'action. En d'autres termes, seul le ministère de l'Intérieur est habilité à donner les réponses adéquates. Qui tardent et qui accentuent la confusion ambiante. Cette situation de flou très peu artistique et, en tout cas pas sportive, ne déplaît pas trop à ceux qui nourrissent des intérêts purement personnels, égoïstes. Sûrement pas à la majorité qui demande à voix haute que revienne le football, fût-ce pour crier au monde entier que la révolution tunisienne est bel et bien vivante et qu'elle ne craint pas de reprendre le chemin des stades. La solution ? Aujourd'hui plutôt que demain, une rencontre de toutes les parties prenantes s'impose : les ministères de l'Intérieur, de la Jeunesse et des Sports, la FTF, les présidents des clubs, le Promosport, la TV, les entraîneurs, les capitaines d'équipe, les arbitres, les journalistes et surtout les véritables représentants des différentes tendances des supporters, soit ceux-là mêmes qui ont fait la révolution, pour un débat et une solution. Ce n'est pas la mer à boire et ça ne devrait surtout pas aboutir à créer une énième …commission. Mais à une reprise immédiate de la compétition.