Taux de chômage : le terme le plus angoissant pour les économistes et pour les hommes politiques. Une variable économique qui nécessite des actions de création et d'investissement de long terme. En Tunisie, notre marché a fait preuve d'une incapacité d'absorption de la main-d'œuvre disponible, surtout dans la catégorie des jeunes diplômés. D'autre part, les encouragements pour l'investissement restent toujours embryonnaires, par la suite, la taille du marché ne pourra pas croître dans un rythme équivalent à la croissance du nombre des demandeurs d'emploi. Plusieurs tentatives de stimulation de l'investissement ont surgi sur le marché tunisien, mais toujours sans efficacité remarquable. Parmi ces tentatives, on évoque par exemple les Sicars qui ont été créées afin de facilité la phase de survie des nouvelles entreprises, sauf que la présence de ce capital-risque est restée timide sur notre marché économique. Face à ces difficultés, l'investissement privé souffre de plus en plus en Tunisie, et il ne faut pas oublier que l'investissement est le moteur de la croissance de toute économie. Au cours de cette analyse, j'ai choisi de me focaliser sur un concept bien connu, mais qui reste très peu développé en Tunisie, c'est le concept des Business Angels (BA) qui pourrait être une des solutions incontournables dans le lancement et la stimulation de l'investissement et par la suite le déclenchement d'une forte rotation du moteur économique tunisien. Pour ceux qui cherchent à connaître la définition des BA, on dira qu'un BA est tout simplement une personne physique. Cette personne cherche à investir une partie de son patrimoine, en nature et en industrie, dans de nouveaux projets innovants et potentiellement profitables. Le BA met à la disposition de l'entrepreneur son argent, son expérience, son réseau social et son savoir-faire gratuitement. En général, les investissements se font à l'aide de plusieurs BA, qui décident d'investir en suivant une stratégie d'investissement directe ou bien une stratégie d'investissement indirecte. Par l'investissement direct, le BA réagit seul (ou avec les autres BA) directement avec l'entrepreneur. Quant à l'investissement indirect, le BA réagit à travers une société holding. Celle-ci est une courte définition des Business Angels, mais elle peut nous donner une idée de l'utilité d'une telle structure. En effet, sur les marchés financiers, l'un des problèmes posés est la vitesse de la circulation monétaire entre les agents économiques. Par exemple, le marché boursier est l'un des moyens qui pourraient faciliter le transfert d'argent d'un agent A vers un agent B. Ces solutions se présentent afin de faciliter et de fluidifier les financements et de ne plus se limiter uniquement au financement bancaire. Par conséquent, vu la structure des BA, l'argent peut passer facilement d'un agent à un autre afin de lancer l'investissement. Cela va minimiser les problèmes de financement chez les jeunes entrepreneurs. Toutefois, ce mécanisme de transfert fluide des financements ne peut être efficace que dans le cas d'un processus d'investissement flexible et adapté au contexte socioéconomique. Ici surgit le besoin de connaître le processus d'investissement des BA, qui est tout simplement la partie au cœur de l'activité d'un tel réseau. En effet, plus le processus d'investissement de ces investisseurs est efficace plus le nombre d'investissements et l'implication de ces derniers sont accrus. Ce processus d'investissement se compose, en général, de huit étapes. En commençant par l'étape de la réception du dossier, qui doit être accompagné par un Business Plan comprenant au moins les lignes directrices du projet, les BA procèdent, une fois les dossiers réceptionnés, à la présélection. Cette étape consiste à garder les projets sur des critères de base tels que l'emplacement géographique, le montant recherché, le secteur d'activité… Une fois le dossier est présélectionné par les membres permanents du réseau, il y aura une étude beaucoup plus approfondie de chaque dossier par les membres BA, c'est l'étape de l'instruction du projet. Toutefois, la sélection finale est conclue suite à une présentation du projet faite par le demandeur du financement. En général, les membres intéressés par le projet se déclarent auprès du réseau. Suivant le groupe d'investisseurs qui contribueront au projet, se déroule la 5e étape, la négociation. Au cours de cette phase, il est important de procéder à une valorisation exacte du projet, afin d'estimer les sommes adéquates au besoin de financement et de signer par la suite le pacte d'actionnaires entre les deux parties. Cette signature se poursuit par l'étape la plus attendue par le jeune entrepreneur, le closing, où les actionnaires se chargent du versement de l'argent. Argents versés, projet lancé, le rôle alors est le suivi du projet. Contrairement aux sociétés d'investissement, une association BA choisit, généralement, un actionnaire parmi ceux qui ont financé le projet afin qu'il suive l'évolution de ce dernier. Après quelques années d'activité, une sortie de ces capitaux est prévue dès la signature du pacte. Cette sortie peut avoir différents modes, à savoir : une cession de capital de gré à gré, l'introduction du capital sur un marché réglementé, l'entrée d'un nouvel actionnaire… En 8 étapes se résume le modèle du processus d'investissement des BA, qui se différencie par rapport au processus d'une société d'investissement. En effet, les BA travaillent dans un cadre associatif, en dehors d'une rigidité administrative surtout au niveau de la sélection, du closing et du suivi du projet. Ces trois étapes-clés rendent le financement beaucoup plus facile et beaucoup plus fluide. Toutefois, d'après des données recueillies de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee - France), il est important de mentionner que les BA s'engagent généralement dans le financement des sommes entre 50 et 500 mille euros, sur le territoire français. Par conséquent, on peut dire que les BA s'engagent en général dans des projets nécessitant de faibles sommes d'argent, afin de minimiser les risques des pertes de ces investissements. D'après la même source d'information, on remarque une forte croissance des sommes investies par les BA sur le marché économique français. En effet, en 2008, les BA ont investi 60 millions d'euros contre 125 millions en 2009. De plus, le financement moyen par projet a augmenté à son tour pour passer de 200 mille euros en moyenne par projet en 2008 à 450 mille en moyenne en 2009. C'est une preuve de réussite, sur le marché français, de ce mode de financement, qui a pris une bonne part dans les capitaux investis en France. La solution des Business Angels est une solution parmi tant d'autres visant la stimulation et le lancement de l'investissement sur le marché tunisien. En effet, il reste devant nos dirigeants plusieurs chantiers pour lancer l'investissement, tels que le renforcement des dépenses publiques, les encouragements de l'investissement agricole, le lancement des fonds privés de différentes formes pour financer les entrepreneurs et il faut surtout rendre les structures de financement actuelles plus efficaces, plus transparentes et plus réactives pour qu'elles puissent suivre le contexte économique tunisien. Pour finir, ces procédures, telles que les Business Angels, sont des solutions qui peuvent faire face au problème du chômage. En suivant de pareilles stratégies, le tissu économique tunisien va s'enrichir par les investissements, le nombre des entreprises augmentera, le marché absorbera par la suite la main-d'œuvre disponible. Un tel scénario favorisera la rotation du moteur économique tunisien, et donnera plus de robustesse à notre économie.