Le 14 janvier 2011, une nouvelle page s'est ouverte pour la liberté après un demi-siècle de souffrance, de calvaire et de répression. Il a fallu cette première étincelle déclenchée à Sidi Bouzid pour que le brasier s'enflamme, pour que l'aurore succède aux ténèbres et pour que les chaînes de la servitude soient enfin brisées. Depuis cette date mémorable, la Tunisie entière renaît de ses cendres. Désormais, nous respirons l'air frais, nous arborons un autre sourire; nous adoptons un autre discours. C'est une glorieuse Révolution qui a bouleversé le pays de fond en comble.Toutes les anciennes structures rouillées et moisies par les longues années de dictature éclatent de jour en jour. Il suffit d'entrer dans les mosquées pour saisir la portée de cette métamorphose. Les lieux de culte connaissent un engouement sans précédent. On s'empresse aux portes des salles de prière avec un esprit serein et dégagé de toute hantise et de toute peur d'être "pointé" par un indicateur. C'est dans un climat de quiétude et de recueillement que les pratiquants observent leur culte. Dans la plupart des mosquées à Sousse, on a fait appel à une nouvelle vague de jeunes prédicateurs imprégnés des valeurs nobles de l'Islam. On a réellement rompu avec tous les acolytes nommés par les "décideurs" de l'ère obscure. Désormais, les nouveaux prédicateurs, du haut du Minbar, tiennent un discours inspiré des seules directives de Dieu et de son Prophète. Le temps des prêches préparés d'avance par le ministère de l'Intérieur et soigneusement fignolés par les gouverneurs et les délégués est pratiquement révolu. La prédication a coupé court avec la propagande politique mensongère et le tapage pompeux en faveur du président déchu. Aujourd'hui, le seul discours parle des valeurs telles que droiture, solidarité, fraternité, sens de la responsabilité... "Nous découvrons une autre sensation", disent fièrement la plupart des fidèles.