Des élections libres, des candidats libres, des projets de fond et des outils de contrôle crédibles, c'est ce dont toutes les disciplines sportives ont besoin dans le futur. Et pourquoi pas des assemblées extraordinaires pour changer les règlements et pour des élections loin de la manipulation politique? Alors que la Tunisie entière savoure encore, avec un légitime air de suspicion sur le futur, sa révolution historique, des voix s'élèvent ici et là pour réformer tous les domaines de la société. A commencer par la politique comme priorité urgente, mais également la culture et le sport deux domaines que les dérives du passé ont démystifiées. Le sport est la parfaite illustration de ce que nous disons. Passé d'une activité physique juvénile à caractère social à un chantier politique où intérêts personnels et manipulation politique sont les mots d'ordre, le sport a beaucoup perdu de sa transparence. Cela mérite des livres pour en parler : les performances du sport ont été utilisées pour protéger l'ancien régime et pour détourner les regards du peuple de ses vrais problèmes de fond. Oui, il y avait une si bonne infrastructure et beaucoup d'argent investi, il y avait des compétences à tous les niveaux, mais il y avait également des gens qui n'avaient rien à voir avec le sport. Ils ont profité des postes et du crédit social permis par le sport pour se faire une image et une fausse notoriété. Et là, tout était permis pour faire du sport un tremplin politique et pour se prévaloir d'un statut socio-politique. Il y avait, dans chaque discipline, des incompétents et des ambitieux politiques qui ont spolié le sport pour empêcher des athlètes, des techniciens et des dirigeants de jouer leur rôle. A chacun de ses dirigeants une structure qui le protégeait, un jeu d'intérêts personnels et politiques qui leur épargnait un compte rendu. A chaque fédération alors une ou des personnes intouchables restées pour des années derrière les coulisses ou devant la scène pour tirer les ficelles du jeu. Qui pouvait parler? Qui pouvait espérer du renouveau alors que les responsables du sport jouaient la mauvaise comédie ? Qui attendait quoi que ce soit d'une justice sportive faisant partie de ce système malsain? Le sport a besoin que certaines personnes impliquées jusqu'au bout dans la dégradation du sport quittent la scène. On ne peut plus fonctionner comme avant, même si plusieurs dirigeants ont (re)commencé leur comédie en jouant les martyrs et les symboles du sport. Raté messieurs, l'opinion sportive, qui fait partie de ce peuple grandiose de la révolution, a déjoué toutes ces tentatives. Une nouvelle approche A court terme, changer tout le système est une aventure risquée. Il y a des urgences politiques plus pressantes. De plus, il faut une période de transition, le temps que les compétitions sportives reprennent et que les sélections honorent leurs engagements. C'est la raison qui le veut. En même temps, et dans chaque discipline, on aura un tri de fait: les bonnes volontés finiront par chasser tous ces opportunistes, les bons dirigeants et les bons techniciens honnêtes, qui n'auront plus rien à craindre, reviendront à la scène. Il faudra probablement 3 à 4 mois avant de passer à des assemblées extraordinaires pour changer les règlements et pour préparer des élections libres. Des élections où il y aura des listes homogènes qui ont les mêmes chances et c'est aux urnes de trancher. On ne connaîtra pas d'avance le nom du président de la fédération, on retrouvera sûrement des critères de sélection plus rigoureux ( en premier lieu le critère de la qualification), ce qui permettra une nouvelle approche. Le vrai changement en sport ne peut se faire qu'avec des projets nouveaux, et qu'avec de nouveaux décideurs, sans oublier les personnes compétentes qui n'ont pas manipulé le sport pour leurs propres intérêts. Un grand chantier nous attend, c'est sûr. Mais que l'on gère ce chantier avec le minimum d'émotion et avec le plus de raison. Personne n'a le droit de jouer le rôle de juge, mais cela ne veut pas dire que l'on peut tourner la page et faire comme si de rien n'était.