CORDOUE, Espagne (Reuters) — Au lendemain d'affrontements à Al Qods, l'Union européenne a offert sa collaboration à l'organisation de pourparlers indirects entre Israéliens et Palestiniens, proposée par les Etats-Unis. La haute représentante pour la politique étrangère de l'UE, Catherine Ashton, a dit qu'elle appuierait ce nouvel effort de dialogue lors de sa visite dans la région programmée mi-mars et au cours de laquelle elle espère pouvoir se rendre à Gaza. «Ce que l'UE a fait jusqu'à maintenant est très important en termes économiques et de renforcement de l'Etat (...) Il est extrêmement important que nous poursuivions nos efforts en ce sens alors que ce dialogue ‘‘de proximité‘‘ s'ouvre», a-t-elle dit lors de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE, à Cordoue. «Il s'agit de trouver les moyens économiques et pratiques d'appuyer le déroulement de ce processus», a-t-elle ajouté. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, dont le pays préside l'UE ce semestre et hôte de la réunion, a insisté sur le fait que le bloc communautaire devait collaborer étroitement avec l'administration américaine et l'émissaire de Barack Obama dans la région, George Mitchell. L'Autorité palestinienne a finalement accepté cette semaine d'entamer pour quatre mois des pourparlers indirects, dits «de proximité», sous l'égide des Etats-Unis. Ceux-ci devraient s'ouvrir dès aujourd'hui lors de la visite de George Mitchell en Israël et dans les territoires palestiniens. Beaucoup d'observateurs doutent toutefois de l'efficacité de la formule après des années de négociations infructueuses. Vendredi, des affrontements entre Palestiniens et policiers israéliens ont fait des dizaines de blessés après la grande prière hebdomadaire sur l'Esplanade des Mosquées, à Al Qods. Ashton à Gaza ? Catherine Ashton doit quant à elle entamer le 15 mars sa première tournée au Proche-Orient, qui doit la conduire en Egypte, Jordanie, Syrie et Israël. Elle a par ailleurs demandé à se rendre dans la bande de Gaza afin d'y constater en personne la situation humanitaire. «Nous fournissons une quantité importante d'aide à Gaza et je souhaite m'assurer, dans le cadre de mes responsabilités, que nous voyons les résultats de cette aide», a-t-elle fait valoir. De source diplomatique européenne, on estime cependant qu'il sera très difficile à la haute représentante européenne de visiter le territoire palestinien, que le Hamas administre seul depuis 2007 et auquel Israël impose un blocus serré. Un seul ministre des Affaires étrangères de l'UE, l'Irlandais Micheal Martin, a pu s'y rendre depuis un an. Ce dernier a appelé à son retour à la fin du blocus et a plaidé devant les chefs de la diplomatie des Vingt-Sept pour que les Européens accroissent les pressions sur Israël afin d'être à nouveau autorisés à se rendre à Gaza. Les 27 ont cherché ces dernières semaines à accroître leur rôle au Proche-Orient. Ils ont appelé en décembre à une relance urgente des négociations de paix et ont demandé aux deux parties de négocier le statut définitif d'Al Qods, afin d'en faire la capitale des Etats israélien et palestinien. La semaine dernière, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et son homologue espagnol, Miguel Angel Moratinos, se sont prononcés dans une tribune commune pour un «calendrier de négociations limité, sur l'ensemble des questions du statut final — sécurité, frontières, eau, réfugiés, Jérusalem — et un mécanisme d'encadrement sérieux, qui tirerait les leçons des erreurs du passé». «A l'issue, l'Europe, comme elle s'y est déjà engagée, reconnaîtrait collectivement l'Etat palestinien pour que la Palestine devienne enfin un membre à part entière de la communauté des nations, vivant en paix et en sécurité à côté de l'Etat d'Israël», écrivaient-ils, tout en renouvelant la disposition européenne a accueillir un sommet international de la paix pour le Proche-Orient.