YEONPYEONG, Corée du Sud (Reuters) — Les autorités sud-coréennes ont annoncé hier que le mauvais temps seul expliquait le report de manœuvres militaires qui attisent les tensions avec le régime de Pyongyang mais qu'il n'était pas question de les annuler. Ces exercices militaires à munitions réelles sur une île dont la Corée du Nord revendique la possession font redouter une nouvelle escalade entre les deux Corées. La Chine et la Russie ont appelé les deux parties à la retenue, et le Conseil de sécurité des Nations unies devait tenir hier une réunion d'urgence consacrée au dossier. La Corée du Nord a qualifié de «suicidaire» la décision sud-coréenne de procéder à des manœuvres militaires sur l'île de Yeonpyeong, que Pyongang a bombardée le mois dernier. Elle a prévenu vendredi que sa riposte à des manœuvres sud-coréennes dans le secteur serait plus forte que le bombardement du 23 novembre, au cours duquel ses 170 obus d'artillerie ont fait quatre morts sur l'île sud-coréenne. La Corée du Sud avait alors répliqué par 80 obus. Les experts sont cependant sceptiques sur la volonté de Pyongyang de mettre ses menaces à exécution, mais ce développement a accentué les tensions déjà très fortes dans la péninsule coréenne, où la situation est jugée «extrêmement précaire» par la Chine et que Bill Richardson, émissaire officieux de Washington en mission en Corée du Nord, compare à «une poudrière». Mais la météo entrave pour l'heure le début des manœuvres militaires sud-coréennes qui étaient programmées entre le 18 et le 21 décembre. «Il n'existe aucun projet d'annulation des exercices. Le facteur que nous observons, ce sont les conditions météo», a déclaré sous le couvert de l'anonymat un responsable du ministère sud-coréen de la Défense. La Chine a pourtant renouvelé hier ses appels à la retenue en soulignant qu'un nouvel affrontement entre les deux Corées pourrait déstabiliser la région entière. Fidèle à sa prudence, elle n'a en revanche désigné nommément aucun des deux pays. «La Chine s'oppose résolument à toute action susceptible d'attiser les tensions et d'exacerber les tensions et demande aux deux parties de faire preuve de calme et de retenue et d'ouvrir un dialogue et des contacts», a redit le ministre des Affaires étrangères, Yang Jiechi. La Russie a invité la Corée du Sud à renoncer à ses manœuvres. «Nous pensons que le Conseil de sécurité doit envoyer un signal de retenue à la République de Corée et la RPDC (Nord) et contribuer au déclenchement d'une activité diplomatique dans l'optique de résoudre par des moyens politiques et diplomatiques tous les points de conflit entre les deux Corées», a déclaré Vitali Tchourkine, ambassadeur de Russie à l'Onu. Gouverneur démocrate du Nouveau-Mexique, Bill Richardson se trouve pour sa part à Pyongyang pour ce qui est officiellement présenté comme une mission privée destinée à apaiser les tensions sur la péninsule. Dans une interview à CNN, il a invité la Corée du Nord à laisser sa voisine du Sud mener à bien ses manœuvres militaires. «Ils (les Nord-Coréens) ont dit qu'il y aurait une riposte, mais dans le même temps, ils espèrent qu'une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu tassera la situation. Mais il est tout à fait évident qu'ils sont très contrariés par les manœuvres», a-t-il dit. Le département américain d'Etat a estimé lui que la Corée du Sud avait le droit de mener ces exercices militaires mais s'est dit cependant préoccupé.