Le football de l'EST est aujourd'hui confronté à deux problèmes majeurs qui sont autant de motifs d'inquiétude : une identité de jeu évanescente et un déficit de confirmation chez les jeunes Le football est une leçon permanente de vérité. Comme tant d'autres activités, c'est un repère de moralité. C'est dire à quel point une équipe, comme l'Espérance, devrait avoir aujourd'hui conscience de cette réalité. L'EST est au fait l'une des équipes les plus populaires de notre football. On n'ajoute rien de nouveau à cela. Son histoire, son palmarès, ses titres et ses consécrations parlent pour elle. Mais on sait bien que le populaire se caractérise aussi par un genre particulier d'excès. Comme un pendule qui bouge dans les deux sens. Il ne faut pas chercher loin les raisons d'un malaise et d'une profonde interrogation sur un ensemble qui a plus que jamais besoin de retrouver ses fondamentaux. Il faut dire que même si la prestation et le rendement des joueurs présentent des lacunes, même s'ils ne parviennent pas à dégager de l'inspiration et un jeu créatif dont leur équipe aurait tant besoin, même si au niveau de l'effectif, on ne fait que privilégier la quantité à la qualité, et au niveau du jeu, le physique à l'adresse, la puissance à la finesse, l'Espérance offre toujours un réservoir à peu près inépuisable. Mais la vérité de base est que la philosophie de l'équipe ne semble pas correspondre à la qualité réelle du produit et que les priorités sont répertoriées dans la catégorie du faire semblant. Les exigences de la compétitivité se gèrent plus par l'exploitation astucieuse des circonstances et par l'aptitude tout terrain. Alors que le football de l'EST est, aujourd'hui, confronté à deux problèmes majeurs qui sont autant de motifs d'inquiétude : une identité de jeu évanescente et un déficit de confirmation chez les jeunes. Quand le groupe reste le même, on ne voit pas les problèmes arriver. Et comme on ne les imagine pas, on ne les anticipe pas. C'est pourquoi le «proverbe» sportif qui dit qu'on ne change pas une équipe qui gagne et à travers lequel l'Espérance s'est souvent revendiquée n'est pas toujours aussi vrai. Une équipe qui gagne, ça se change. Dans de justes proportions bien sûr. Pour apporter une nouvelle dynamique. D'une façon ou d'une autre, l'Espérance a oublié de comprendre que les victoires en elles-mêmes ne sont que la conséquence de toute une série d'attitudes et d'adoption de valeurs. Si on est convaincu que ces valeurs répondent avant tout à la réalité du terrain, on a déjà une partie de la solution. Au-delà des résultats, des titres et des consécrations, au-delà des hommes et des stratégies, au-delà des satisfactions et des déceptions, l'EST est appelée à redevenir le creuset d'un véritable projet de jeu. Retrouver les repères, reprendre les fondamentaux, respecter les valeurs, reconquérir les cœurs, voilà le programme d'action qu'elle devrait impérativement développer. Derrière la lutte des hommes, devrait émerger un débat d'idées où il ne sera question que de football, que de projets sportifs, que d'humanisme partagé dans la joie du jeu. L'avenir de tout un club, de tout un environnement est fait de football. Au-delà d'un formidable palmarès, de toute une histoire, c'est l'identité du club que nous estimons particulièrement, les valeurs qu'il véhicule, les principes qu'il déroule, les règles qu'il porte. Un exemple, un vrai pour tous. Le symbole vivant d'un football dont on attend qu'il fasse école. Le fait que l'équipe avait de plus en plus tendance ces derniers temps à oublier ses repères ne devrait pas pour autant l'empêcher de rebondir. L'une des principales vertus d'une équipe de football est l'aptitude à se remettre en question au bon moment et au bon endroit, chose qui ne devrait pas manquer, par la même occasion, de lui indiquer ce qui lui échappait déjà… La force de l'EST a été toujours de savoir évoluer dans les moments difficiles, surtout face aux circonstances et aux attachements conditionnés. Elle se faisait ainsi le crédit d'avoir toujours quelque chose à faire sur «l'actualité», sur ce qui se conçoit dans le paysage footballistique. Quelque chose de neuf et d'intéressant. Si on croit aux habitudes, c'est au plus fort de la suprématie adverse que l'Espérance a su souvent se reprendre. L'originalité des grandes équipes, non seulement à jouer, mais à redevenir elle-même. La vocation aussi de celles dont rien ne pourrait suffire, ou même satisfaire. Le présent éclaire l'avenir en ce sens qu'il devrait y avoir constamment une véritable recomposition des priorités et de la définition des rôles et de la stratégie. En somme, tout ce qui est de nature à permettre à une équipe de s'attacher davantage au terrain. De ne pas désespérer et de croire jusqu'au bout. Que de matches forcés au moment où d'autres équipes auraient certainement baissé les bras. C'est dans les moments difficiles que l'équipe a appris et apprendra encore à se revendiquer. Dans la souffrance, aussi et surtout. On ne saurait ne pas inclure tout cela dans les «affaires» quotidiennes du club…