40 ans après sa création, comment se porte la francophonie? Selon le dernier rapport de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), il y aurait en 2010 quelque 220 millions de locuteurs francophones dans le monde, dont près de la moitié en Afrique. 70 pays composent aujourd'hui l'OIF — 54 membres et 16 observateurs —, ce qui en fait un groupe de pression important au sein des instances internationales, notamment aux Nations unies, où les Etats membres de l'OIF représentent désormais un tiers du total de l'ONU. Le français est en 2010 la 9e langue la plus parlée dans le monde, et l'une des deux langues — avec l'anglais tout de même ! —à être parlée sur les 5 continents. La mission originelle de l'OIF est de défendre et de promouvoir l'usage de la langue de Molière, et cela dans un environnement de plus en plus concurrentiel : concurrence de l'anglais, bien sûr, mais aussi de l'espagnol et, au cœur du bastion francophone, l'Afrique de l'Ouest, concurrence de plus en plus vive de langues africaines communes à toute une population. Est-ce qu'aujourd'hui la francophonie doit se battre pour le français et contre l'anglais afin de ne pas disparaître — s'affirmer dans un combat sans compromis ? Certains francophones le pensent, comme les Québécois. Mais d'autres, de plus en plus nombreux, estiment que l'heure est venue d'une cohabitation sereine entre les deux langues. Et qu'il ne sert à rien de nier le rôle de langage universel joué par l'anglais. Il y a même, au sein de l'OIF, certains Etats qui font passer l'anglais avant le français — le Canadan bien sûr, mais aussi, depuis peu, le Rwanda. Ou qui marient les deux, comme les Seychelles ou l'île Maurice. Pour des raisons historiques, géographiques et démographiques. Le Rwanda a ainsi décidé récemment que c'est l'anglais qui serait enseigné comme première langue étrangère obligatoire dès l'école primaire, le français étant relégué au rang de deuxième langue étrangère — obligatoire tout de même —, dans l'enseignement secondaire. Pas de quoi s'affoler, selon le ministre rwandais de l'Education, Charles Murigandé : il s'agit simplement de prendre en compte "la position géographique du Rwanda, qui se trouve dans une position charnière entre le monde francophone et le monde anglophone, et nous sommes décidés à servir de charnière à ces deux mondes. Il n'est pas question d'abandonner une langue au profit de l'autre ". Face à ces évolutions inévitables, la francophonie s'est adaptée et a mis en place des institutions spécifiques qui dépendent de l'OIF, comme par exemple l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), qui promeut l'usage du français dans plus de 700 universités situées dans des pays totalement ou partiellement francophones. "Cette expérience montre que le français reste très attractif, explique le recteur de l'AUF, Bernard Cerquiglini. Il y a aujourd'hui 759 universités qui considèrent que le français est une langue adaptée à l'enseignement supérieur. Et cela dans des pays évidemment francophones, mais aussi à Lima au Pérou, à Téhéran, ou encore à New Delhi. C'est donc que ces universités ont un intérêt pour le français, qui reste une langue de savoir, de transmission — une langue de désir international". Au delà de cette défense compliquée du français dans un monde à la fois dominé par l'anglais et en même temps plurilingue, la francophonie souhaite développer deux autres missions : d'abord la défense de la diversité culturelle dans le monde, et aussi, et de plus en plus, une vocation plus politique autour de la défense des valeurs de paix et de démocratie.