Le match ESS-ASM a alterné par intermittence et sur quelques phases de jeu le football spectaculaire et emballant. Le mérite revient au vainqueur qui a su construire patiemment sa remontée et endiguer l'adversité née du revers subi, il y a une quinzaine de jours à Radès, face au CA. Le vaincu n'a pas à nourrir beaucoup de regrets ni à rougir après cette défaite essuyée en déplacement face à l'une des grosses écuries de la compétition Sans trop philosopher, disons que la hiérarchie a été respectée dans ce match et que l'Etoile a fini par imposer sa maîtrise collective et sa supériorité technique. L'Avenir a joué sans complexe avec les moyens du bord et ses rares tentatives n'ont pas constitué une grande menace pour l'arrière-garde étoilée. Le coach des «Jaune et vert», Kamel Chebli, qui a dû abandonner son poste à l'issue de ce match, n'est pas allé par quatre chemins pour commenter la prestation de ses anciens joueurs, ainsi que celle de l'adversaire. «Il faut être réaliste.Nous sommes tombés sur un adversaire meilleur que nous et, de surcroît, plus motivé et plus déterminé à se racheter à domicile après sa dernière déconvenue en championnat lors de la 8e journée. Nous étions conscients de l'ardeur de la tâche qui nous attendait à Sousse. Et pourtant, nous n'étions pas venus en victimes expiatoires. Au contraire, on avait opté pour un pressing très haut pour gagner la seconde balle et compter sur la vélocité des Baker, Jedaïed et la technique de Ltifi pour titiller la défense adverse. Notre tactique ne s'est pas avérée payante parce qu'il y a eu des détails qui ont fait la différence et ont mis l'Etoile sur les rails. Lorsque nous encaissons en 6 minutes deux buts, le premier sur penalty et le second sur une action litigieuse, il est objectivement difficile de remonter la pente face à une équipe de la trempe de l'Etoile. Même à 2-0, nous n'avons pas baissé les bras et nous avons continué à croire en nos capacités de réduire au moins le score. Avec le 3e but encaissé à l'entame de la seconde mi-temps, j' ai estimé que les carottes étaient cuites et que le sort du match était presque scellé». Justement pour revenir à la dernière remarque de l'entraîneur de l'équipe de La Marsa, il ne faut surtout pas croire que les camarades de Bilel Ben Messaoud se sont fait ridiculiser et écraser par l'équipe adverse. Le score est certes ample, mais il est loin d'être qualifié de correction. En effet, les visiteurs, quoique pris à la gorge par une Etoile très conquérante à l'entame du match, ont démontré beaucoup de qualités, notamment au niveau de la ligne médiane avec un quatuor à la fois technique et accrocheur dans les duels. Boubaker Tambadou avait réussi à maintes reprises à mettre sous l'éteignoir son vis-à-vis, le Brésilien Daniello au registre technique relevé. Didier Libry, par ses dribbles en mouchoir, a posé certains problèmes à Nefkha et consorts. Bilel Ben Messaoud a été très dangereux sur les coups de pied arrêtés. A deux reprises, il a failli faire mouche. Olivier Baker, moins tranchant que d'habitude, a pesé quand même sur la défense adverse.Le problème de cette équipe marsoise, elle n'est pas la seule, est que ses joueurs arrivent à confectionner de beaux mouvements, mais au moment de conclure, ils perdent le Nord et gâchent beaucoup d'opportunités. Dans l'autre camp, on était heureux de la victoire et de la réhabilitation, mais ce n'était pas le temps de pavoiser et de baigner dans l'euphorie. Cette sobriété était visible dans la déclaration d'après-match du jeune coach Mondher Kbaïer. «Remettons les pieds sur terre. Cette victoire donne certes du baume au cœur, mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt. Les satisfactions individuelles sont certaines. Le style du jeu s'est relativement amélioré, nous avons franchi un palier, mais nous encore du pain sur la planche. Le premier souci est que le groupe n'a pas encore cette stabilité et cette régularité tout au long des 90 minutes de jeu. Nous continuons à souffler le chaud et le froid. Il y a des moments où nous levons le pied et nous nous mettons dans de sales draps. Il y a des erreurs de relance; un manque de justesse technique et de complémentarité entre les duos dans chaque compartiment de l'échiquier. Nous devons travailler à ce niveau pour atteindre un niveau de performance plus élevé, pour améliorer la qualité des appels de balle et l'exploitation lucide du second enchaînement.Il y a des signes qui augurent d'un bel avenir, mais à condition de persévérer dans le labeur», a-t-il notamment lancé en fin de rencontre. Les propos du coach étoilé semblent verser dans l'analyse objective et réelle de la situation.Son équipe a gagné par un score éloquent et a retrouvé le sourire après les petits remous suscités par la piètre sortie face au CA à Radès. Toutefois, il faut reconnaître que l'équipe sahélienne n'est pas aussi flamboyante que ne le laisse croire le résultat obtenu face à La Marsa. Le public présent a compris que la formation étoilée souffre d'un équilibre manifestement fragile.La preuve est que malgré l'avance assez large acquise après la pause, on sentait que l'équipe se faisait peur à chaque accélération de l'attaque adverse. Il y avait des signes de fébrilité évidents.Normalement et à 3-0, les joueurs auraient pu régaler l'assistance par un football plus chatoyant et plus étincelant. L'adversaire n'était pas un foudre de guerre et, pourtant, il a causé des frayeurs à la grande galerie étoiliste. Les dés sont maintenant jetés. L'Etoile a gagné à domicile. L'Avenir n'a pas totalement démérité.Dans les deux camps, on est appelé à cultiver le jardin car les prochaines échéances frappent à la porte.