Les réflexes de sécurité des malades qui achètent plus que leurs besoins immédiats pour s'assurer de ne pas manquer de traitement ont conduit à un rayonnage d'officine en dents de scie Encore une pénurie de médicaments pour ceux qui en ont le plus besoin. Alors que le bras-de-fer se poursuit entre les praticiens et la Cnam, les personnes atteintes de maladies chroniques, bien sûr, mais aussi ceux qui sont sous psychotrope n'ont pas les moyens de se les procurer. ‘'Nous suivons avec une grande attention l'évolution de la disponibilité au jour le jour au sein de notre Observatoire et si les données attestent que les choses sont en train de s'améliorer, la pénurie de médicaments n'est pas entièrement nivelée, surtout en ce qui concerne les maladies chroniques et les traitements aux psychotropes'', nous confie Dr Mustapha Laâroussi, président du Syndicat des pharmaciens. Selon lui, les racines de la fluctuation dans la disponibilité se situent à deux niveaux. D'abord du côté des médicaments made in Tunisia qui doivent composer avec des problèmes de matière première. Quant aux médicaments importés, l'Observatoire a constaté que les réflexes de sécurité des malades qui achètent plus que leurs besoins immédiats pour s'assurer de ne pas manquer de traitement ont conduit à un rayonnage d'officine en dents de scie. S'agissant des problèmes de convention avec la Cnam, Dr Laâroussi reste très nuancé dans ses réponses, attestant qu'il comprend parfaitement les difficultés de la Pharmacie centrale : ‘'Nous estimons qu'elle est victime d'une situation compliquée. La solution est entre les mains du chef du gouvernement et ne relève plus de la Pharmacie centrale. Aujourd'hui, nous avons besoin d'une solution à la fois technique et politique et celle-ci incombe assurément au gouvernement.'' En décembre dernier, le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Spot) avait exprimé son opposition quant à la version actuelle du projet de décret n°1206 de 1992 portant organisation de l'exploitation des officines de détail et qui a été soumis à la présidence du gouvernement, le décrivant comme ayant été élaboré dans des circonstances douteuses. Surtout après la promesse non tenue de la présidence du gouvernement et du ministère de la Santé de réviser la version actuelle de ce texte entièrement en décalage avec ce secteur délicat. En octobre dernier, les pharmacies publiques sises dans les hôpitaux et les centres de santé de base avaient annoncé qu'elles fourniraient les médicaments aux assurés sociaux en cas de refus du syndicat tunisien des propriétaires de pharmacies privées de reconduire la convention avec la Cnam. ‘ 'Le ministère ne restera pas indifférent face à la souffrance des citoyens'', avait affirmé Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales. Maintenant, ce sont les pharmaciens du secteur privé qui semblent se demander si le gouvernement compte rester indifférent à leurs propres souffrances ! Rappelons que les autres corps de la santé ne sont pas restés les bras croisés. Il y a juste quelques jours, le 2 février 2019, le président du Syndicat tunisien des médecins libéraux, Dr Mohamed Ayed, avait annoncé le renouvellement de la convention conclue entre le syndicat et la Cnam (qui prend fin ce 12 février). Les négociations autour de cette convention sont à un stade avancé avec une signature prévue dans les jours à venir. Rappelons également que tous les accords conclus avec la Cnam avaient été abandonnés en octobre 2018 par l'intersyndicale des professions médicales du secteur privé qui englobe le Syndicat des pharmacies, le Syndicat des médecins dentistes, la Chambre syndicale nationale des cliniques privées, le Syndicat des médecins libéraux et le Syndicat national des biologistes de libre pratique.