Dans le cadre de son programme consacré aux rencontres avec les écrivains tunisiens, la Maison du Roman de la Cité de la culture a proposé à son public, vendredi 18 janvier, une rencontre avec l'universitaire et écrivaine tunisienne Om Ezzine Ben Chikha autour du thème «Le roman en tant qu'expérience philosophique». Au cours de cette rencontre, Mohamed Habacha a mis en exergue le long et riche parcours de cette universitaire. Om Ezzine Ben Chikha est écrivaine et professeure universitaire spécialisée dans la philosophie des arts à l'université d'Al Manar Tunis. Parmi ses ouvrages en philosophie : «L'art face au terrorisme» 2016, «L'art sort de son contexte» 2011, «Kant et la modernité religieuse» 2015… Om Ezzine Ben Chikha a également écrit plusieurs romans : «Les blessés du ciel» 2012, «Ne deviens pas fou tout seul aujourd'hui» 2014, outre un recueil de poésie intitulé «Ici les peuples sont vendus d'une manière clandestine…», publié en 2011 avec la participation de Fethi Meskini. En prenant la parole, Om Ezzine Ben Chikha a déclaré que l'écriture ne représente pour elle qu'un exercice pour apprivoiser le roman. C'est un patchwork philosophique par excellence, un parcours initiatique pour l'apprentissage de l'art dans toutes ses subtilités, tout en précisant son incapacité à poursuivre son travail dans la philosophie de l'art en l'absence d'une réelle expérience créative. Et c'est ce qu'elle a fini par réaliser en publiant un recueil de poésie et deux romans. Son recueil poétique a été publié par «Dar Al Amal» en Algérie en 2013 sous le titre «Idhak ayyouha addaher ach-charqui» avec plus d'une centaine de poèmes. Son premier roman, «Les blessés du ciel», a été publié en 2012, et appartient au genre de l'anti-roman. C'est une sorte de scène avec des personnages littéraires qui réinventent les événements de la révolution tunisienne avec un mélange de fantaisie qui ne limite en rien la réalité, mais la déconstruit pour la reconstruire selon l'imaginaire de l'auteure. Om Ezzine Ben Chikha a, par ailleurs, publié l'ouvrage «Tu ne deviendras pas fou tout seul aujourd'hui», édité à Beyrouth en 2014, dans la continuité du premier roman avec en plus des personnages et une scène différente où elle évoque les peuples arabes pris par les vents du printemps arabe. Il s'agit d'un roman qui remet en question l'idée de héros dans une démarche qui consacre l'esthétique de la laideur. L'auteure a souligné que ce genre s'est développé après l'avalanche de critiques sur les genres littéraires depuis Valérie, Picat, Blanchot jusqu'à Derrida, Deleuze et Foucault. Signalons dans ce contexte qu'elle a essayé de mener son expérience dans la littérature dite de suspicion postmoderne, qui rompt avec tout réalisme.