Site touristique à part entière, Bulla Régia fait découvrir au monde la richesse du patrimoine national tunisien qui regorge de secrets et de trésors. Découverte. Quand on arrive aux environs de Bulla Régia ou Bulla Royale, on mesure déjà les richesses historiques et les immenses ressources de ce site pittoresque sans imaginer que celles-ci ont traversé le temps avec autant de civilisations qui s'y sont succédé. Peuples romains, numidiens et byzantins ont tour à tour occupé cet endroit béni de la vie. Ils y ont imprégné chacun leur mode de vie culturel sans dénaturer l'empreinte de ce haut lieu de villégiature. Bienvenue au charme de la Royale ! Une signalétique qui fait défaut Sur place, un guide touristique femme accompagnée de son compère masculin nous fait découvrir les charmes indescriptibles de ce lieu perdu entre Béja et Tabarka. « Des Américains, des Canadiens et des touristes de tous horizons viennent ici en tout temps ! », clame le deuxième guide pour témoigner de la renommée internationale de Bulla Régia. Le seul bémol a sans nul doute trait à l'état de conservation mi-figue, mi-raisin du site qu'il faut réaménager pour atteindre la pleine mesure de son aspect hautement touristique. C'est que la marche pour la découverte du site est pénible par endroits à cause des terres rocheuses, de l'état des pavés, du terrain boueux et glissant. Les pancartes signalétiques font également défaut. Un chemin tracé et délimité est requis pour améliorer les conditions de la visite. La présence du guide qui accompagne les visiteurs tout le long du circuit ne peut pas suffire à elle seule. Le touriste a besoin de lire sur place l'histoire de chaque endroit du site pour faire son propre raisonnement. Le ministère des Affaires culturelles doit agir de concert avec celui du Tourisme pour améliorer l'état général du site qui fait la fierté du patrimoine archéologique tunisien comme de nombreux autres vestiges civilisationnels. Les villas souterraines de la Cité Bulla Régia est le seul exemple actuellement connu de ville antique dont les demeures aristocratiques disposent d'un étage sous-terrain parmi une vingtaine fouillée. L'extrême chaleur estivale, les traditions berbères (habitations troglodytes à la fois verticales et horizontales de Matmata) et la prospérité de la cité expliquent ce pari architectural associant confort et esthétique. Ces maisons de type hellénistique de la Grèce antique comportent un péristyle par étage entourant une cour pavée de mosaïques donnant accès aux pièces principales. Lieu de repos, l'étage sous-terrain ne dispose en général que de trois grandes pièces. La Maison d'Amphitrite avec ses mosaïques, la maison de la pêche au rez-de-chaussée et sous-sol ainsi que la maison de la chasse sont le relief le plus marquant des maisons à étage sous-terrain. La particularité de ces demeures réside dans le fait qu'il est impossible aujourd'hui d'entrevoir nulle part ailleurs cet archétype de construction. La nécessité de se protéger de la chaleur excessive en été et du froid en hiver est remarquable. Les trois-quarts de la Cité sont souterrains hormis une partie qui a été excavée. Elle porte la caractéristique des constructions publiques et privées des cités romaines. L'état de conservation de la plupart des monuments comme le théâtre par exemple et l'originalité des autres maisons avec des étages sous-terrains expliquent l'intérêt des visiteurs pour ce site. Un lieu chargé d'histoire Le site de Bulla Régia est situé à 170 kilomètres de Tunis. On y accède par la route Jendouba-Aïn Draham. La cité de Bulla a été mentionnée par les Latins quand les troupes armées romaines ont rejoint les rois de Numidie pour trouver refuge en -81 avant Jésus-Christ. Intégrée au domaine punique au IIIe siècle avant Jésus-Christ puis conquise par Massinissa vers -150, la cité devient vers -50 l'une des capitales du roi numide Hiarbas. Elle prend le nom de Bulla Régia, la royale. Située au cœur d'une célèbre région céréalière (les campi magni), la cité demeure prospère jusqu'à la fin de l'empire. Zone de repli des armées vandales lors de la conquête byzantine, Bulla Régia s'éteint progressivement au début de l'époque arabe. Les Thermes de Ulia Memmia, le théâtre, l'arène sportive et les bains maures invitent à la visite. Pour la petite histoire, ces grandes et hautes pièces qui servaient pour les bains des habitants de la Cité avec une partie chaude et une autre froide existaient depuis la période préromaine. Les Byzantins, les Ottomans et les Turcs ont reconstitué de belle manière ces bains maures pour devenir ce qu'on appelle les « hammams » d'aujourd'hui. Au moment où les randonnées en milieu naturel, à la découverte de la campagne tunisienne sont recommandées pour le bien-être des grands et petits, le site de Bulla Régia paraît tout indiqué sur votre chemin vers Aïn-Draham avec son froid glacial mais source d'apaisement.