Le plan de mise à niveau à l'horizon 2020 nécessite des investissements qui doivent permettre à la société d'améliorer ses revenus et sa capacité d'accueil. «Les tarifs n'ont pas été révisés depuis 2003. En l'espace de quinze ans, une seule augmentation a eu lieu en 2010». C'est en ces termes que la hausse des tarifs est justifiée par Mohamed Chemli, directeur de la communication au sein de la Transtu, Société des transports de Tunis. Une hausse de 10% sera appliqué prochainement sur les tarifs d'embarquement sur proposition du ministère du Transport avec l'accord de la présidence du gouvernement qui cherche une issue aux difficultés financières de la Transtu. Suite à la hausse du prix des hydrocarbures, on s'attend généralement à ce qu'une révision du tarif des transports publics et privés s'ensuive. La double hausse du prix du gazole en 2018 confirme la règle. Le patron de l'entreprise nationale, Salah Belaïd, a évoqué la semaine dernière sur les ondes radiophoniques l'engouffrement financier de la société. Il avance le chiffre de 800 millions de dinars de dettes et appelle au départ de 700 agents. Un plan de réforme sur trois axes prévoit une augmentation des tarifs, l'annulation de la gratuité pour les sécuritaires, militaires et douaniers ainsi que l'acquisition de nouveaux bus pour renforcer le parc actuel. Plusieurs questions ont été posées à M. Chemli pour évaluer la crise qui touche la société nationale : pour quelles raisons l'endettement de la Transtu s'est-il aggravé? La hausse de la tarification peut-elle remédier à la crise ? Va-t-il y avoir une restructuration ? Manque à gagner important «On a demandé une révision de la tarification en conformité avec l'indice des prix à la consommation». Des dettes se sont accumulées depuis de longues années à cause de la gratuité du transport public pour de nombreux corps de métier et organes de l'Etat, ce qui n'est plus favorable à la société qui est amenée à supporter un manque à gagner important à ce niveau et qui se répercute sur son chiffre d'affaires. Les personnes porteuses de handicap ne sont pas concernées par cette annulation de facto. M. Chemli de poursuivre : «C'est l'Etat avant tout qui régit le droit ou non du service public gratuit». La Transtu ne peut plus se permettre d'octroyer une telle gratuité et en appelle aux ministères concernés afin d'annuler ce privilège pour préserver l'intérêt financier de la société nationale. L'amélioration du parc roulant traîne en longueur alors qu'il y a un manque de bus et des problèmes liés à leur entretien. Au sujet de l'annonce de grève des employés du ministère du Transport, M. Chemli affirme en ignorer les tenants et les aboutissants. Enfin, il termine sur une note positive en confirmant l'information sur le projet de réaménagement de la station Barcelone qui sera lancé à la fin de l'année 2020 grâce au concours de l'Agence Française de développement afin d'assurer une amélioration des interconnexions entre les bus et les métros. «Le projet de la boucle centrale va accroître sa capacité. Cette boucle reliera la station Barcelone à la station République. Cela va permettre de supprimer les croisements entre les métros et les bus et de réduire ainsi le risque d'accident. Il y aura plus de fluidité. Un abaissement du niveau des quais de la station République est, par ailleurs, programmé». La concrétisation de ce projet aboutira à la fin de l'année 2020. Il coûtera 330 millions de dinars dont 225 millions de dinars seront financés par un crédit et le reste sera pris en charge par l'Etat. Cette échéance de deux années est un peu longue à cause «du temps requis pour les études de projet et les procédures administratives».