Les Tunisiens ont fait montre de leur haut sens de la solidarité avec leurs concitoyens sinistrés. Maintenant que des fonds ont été collectés, il faudrait qu'ils soient orientés vers des projets d'infrastructure à même de préserver nos villes et nos citoyens contre les catastrophes L'élan de solidarité manifesté par les Tunisiens en faveur des sinistrés dans la région de Nabeul aura eu le mérite de réactiver ce sentiment d'entraide et de volontariat qu'on croyait révolu à la suite de la déception qui a envahi les esprits depuis les événements du 14 janvier 2011. Le mouvement de solidarité qui a mobilisé autorités adminsitratives, partis politiques et associations de la société civile aura eu aussi le mérite d'ouvrir les yeux sur les insuffisances, les dysfonctionnements et les déficiences dont souffrent plusieurs régions du pays en matière d'installation des infrastructures qui permettent de préserver nos villes contre les inondations et les pluies diluviennes, qu'elles soient attendues ou qu'elles interviennent à l'improviste. En d'autres termes, s'il y a un enseignement ou une conclusion à tirer de la catastrophe de Nabeul, même «si notre agriculture en sort gagnante» comme l'a souligné Samir Bettaïeb, ministre de l'Agriculture, ravi de voir les barrages refuser de l'eau ou même si les quantités d'eau tombées en si peu de temps n'ont pas été enregistrées depuis 300 ans comme l'a déclaré Mohamed Salah Arfaoui, ministre de l'Equipement, cet enseignement, c'est que maintenant il est urgent de dresser le bilan des dégâts et de penser à l'instauration d'une stratégie intelligente de prévention de nos villes contre les inondations et les catastrophes climatiques à l'instar de ces 200 mm d'eaux pluviales qui se sont abattus sur la région de Nabeul en l'espace de deux heures. Et cette stratégie ne concerne pas uniquement la région de Nabeul. Elle doit toucher toutes les régions du pays, y compris celles considérées comme à l'abri des inondations ou des pluies torrentielles. Et pour être plus clair, il est temps d'opérer une véritable révolution en matière d'infrastructure de manière à protéger nos villes contre les inondations ou les risques d'inondations. Il est également plus que jamais urgent de mettre en œuvre des stratégies d'anticipation des catastrophes. On a beau répéter et insister que les pluies enregistrées dans la région du Cap Bon ont battu tous les records du monde et qu'il était impossible d'en atténuer les dégâts, il reste que les citoyens sinistrés demeurent persuadés que les pouvoirs publics auraient pu les prévenir à temps, pour qu'ils puissent évacuer les zones qui étaient les plus exposées aux dangers des pluies torrentielles. Maintenant que l'irréparable s'est produit et que les Tunisiens ont fait montre de leur solidarité avec leurs concitoyens sinistrés, l'heure n'est pas à se féliciter ou à se réjouir de ces annonces concernant le réaménagement des écoles endommagées à Nabeul par certains hommes d'affaires établis en France ou à comptabiliser les dons collectés par le téléthon organisé par la TV nationale ou la contribution de l'Utica qui a atteint 200.000 dinars comme l'a déclaré Samir Majoul, président de la Centrale patronale, laquelle contribution pourrait augmenter encore plus selon les attentes. Il n'est plus, en effet, temps de mesurer l'ampleur des dégâts ou de continuer à dresser l'inventaire des pertes enregistrées, mais plutôt «à assurer le retour des entreprises économiques à la production». Il va sans dire aussi que les campagnes de solidarité lancées par les associations de la société civile dans toutes les régions du pays doivent se poursuivre, mais dans un cadre plus organisé et pour dire les choses crûment, moins populiste dans la mesure où malheureusement on est en train de retomber, peut-être sans nous rendre compte, dans les pratiques anciennes quand le pays tout entier se mobilisait pour collecter quelques milliards dont personne ne savait où ils allaient être dépensés. La transparence, la bonne gestion des dons collectés et la mobilisation générale pour que tous les sinistrés soient indemnisés, sans distinction, sont plus que jamais à l'ordre du jour. L'essentiel est que les sommes d'argent que le téléthon de la TV a réussi à mobiliser ainsi que les aides en nature aillent à leurs ayants droit.