Jambes solides et poumons en acier, oui, mais plus que cela, une technique et des individualités qui font mal à n'importe quel moment. Les Croates ont impressionné avant de croiser la France. Au bout d'un 3e match de suite de 120mn, cette superbe équipe de Croatie a créé la sensation pour aller en finale du Mondial. La solide équipe d'Angleterre, la mieux nantie et la plus complète du quatuor du carré d'or, a pourtant bien démarré le match sur le beau but de Trippier, mais il a été écrit quelque part que les hommes de Southgate calent et payent cash leur inefficacité. Ils ont laissé filer un match qu'ils contrôlaient bien, leur défense (le point fort jusque-là) a craqué devant ces créateurs nés et éduqués sur les principes du football balkan (l'ex-Yougoslavie). Lassés, sollicités depuis les huitièmes, les Croates, qui n'ont pas bien convaincu contre la Russie et le Danemark, ont trouvé les ressources physiques et mentales surtout pour, contre toute attente, élever le rythme et gagner leur billet sans les tirs au but. Le rêve continue pour cette sélection qui a frappé fort au premier tour avec le plein de victoires avant une baisse de régime au second tour. Avant-hier, Persic était l'homme de la remontée avec un but d'égalisation qui a changé le cours du match. Et c'était à Mandzukic de tuer le match sur un but qui montre tout son métier de buteur. La Croatie ne l'a pas volé, au contraire, elle a retrouvé le jeu et la justesse qu'on lui connaît. Modric, le patron Dalic Zlatko est un entraîneur heureux. On le comprend. Mais c'est aussi un sélectionneur mis sous une fatale pression. Il a un effectif de rêve, formé de joueurs techniciens (la fibre yougoslave) qui jouent en Italie, en Angleterre et en Espagne. Après les victoires difficiles devant le Danemark et la Russie, Zlatko a repris beaucoup sa confiance après cette brillante victoire devant l'Angleterre. On a vu cette Croatie qui avance, qui crée le jeu, qui attaque, qui accule l'adversaire. Bien sûr qu'avec des joueurs de la classe de Lovren (intraitable en défense), Versaljko, Brozovic (un récupérateur qui se place là où il faut), Rakitic (qui a retrouvé son importance en demi-finale), Mandzukic (bienveillant) et Rebic, n'importe quel sélectionneur peut confectionner les plans du jeu qu'il aime. Mais quand vous avez un joueur comme Modric, vous pouvez rêver et rêver, vous pouvez faire ce que vous voulez sur le terrain. Le fantaisite croate, qui joue comme récupérateur et comme relanceur, est le véritable «barycentre» de la Croatie. Tout passe par lui. Distillation du jeu, relance propre, mouvements sans ballon et appels intelligents pour le porteur de balle et une grande énergie qui font de lui ce joueur extraordinaire. Il a été d'un apport énorme dans la réussite de la Croatie dans ce Mondial russe. Et pour le contrer, aucune solution! c'est quelqu'un qui a la géométrie du terrain. Il sert ses camarades avec une nette précision. Les Français lui préparent sûrement quelque chose. Récupération La Croatie exténuée après la débauche d'énergie en 3 matches aura-t-elle le souffle pour tenir en finale devant la France? C'est que les facteurs fraîcheur et récupération vont dire si les Croates pourront encore tenir 90' et 120' contre une sélection de France moins fatiguée. Zlatko va essayer d'ici dimanche de relaxer et rafraîchir ses cadres qui ont beaucoup donné et qui n'en pouvaient plus vers la fin du match de l'Angleterre. Il peut compter sur la grande personnalité de ses joueurs qui savent ce qu'est la pression des grands matches. Ils jouent dans les plus grands clubs européens et se trouvent sur une courbe ascendante. Mieux, ils «rebondissent» par rapport aux matches du Danemark et de la Russie. Ceux qui aiment la technique, le beau football auront un faible pour Modric et ses coéquipiers qui incarnent ce nouvel ordre du football mondial. Face à eux, la France se présente comme un ténor qui a plus d'expérience à ce niveau. Mais ça peut ne pas peser lourd devant les ambitions démesurées d'une équipe croate sûre d'elle et qui sait et aime ce qu'elle fait !