Mercredi 11 avril, le chef du gouvernement et ses ministres seront à l'écoute des représentants de la société civile en vue de sonder leurs propositions et suggestions quant à la meilleure stratégie à mettre au point pour concrétiser les grandes réformes tant attendues. Dans une démarche participative et dans le droit fil du processus de concertation entre le gouvernement et les composantes de la société civile, une conférence nationale est prévue à cette occasion sous forme de quatre panels. Y prendront activement part des représentants de la société civile, des experts et des universitaires. On discutera de la sécurité sociale, plus précisément de la Cnss et de la Cnrps, de la restructuration du système de compensation, des entreprises et de la fonction publiques Une conférence sur les réformes engagées par le gouvernement sera organisée demain en présence d'experts et de représentants de la société civile. Répartie en quatre panels qui s'intéresseront chacun à un dossier précis comme la réforme de la sécurité sociale, la restructuration des entreprises publiques, le régime de compensation et la fonction publique, la conférence se tient dans le cadre d'une approche participative impliquant activement et significativement les acteurs de la société civile. Universitaires et experts y sont conviés. Les finances publiques posent encore problème dans la mesure où les dépenses sont beaucoup plus importantes que les recettes. Malgré un élargissement de l'assiette fiscale et son renforcement, l'Etat n'est pas encore parvenu à redresser la barre. Le recours à l'endettement extérieur demeure encore indispensable pour boucler le budget. D'où la nécessité d'effectuer une réforme en vue de diversifier les sources de financement et d'améliorer les recettes, notamment grâce à la promotion des exportations et à l'attraction des investissements locaux et étrangers. C'est un effort qui reste à faire au cours de la prochaine période pour équilibrer, un tant soit peu, le budget économique. Coût de production en hausse La Tunisie a plusieurs potentialités qu'elle peut exploiter pour assurer la relance de ses exportations en valorisant davantage les produits exportables dans les secteurs de l'industrie manufacturière, de l'agroalimentaire, du textile-habillement, du cuir et chaussure, des produits chimiques et autres. Les industriels font face à des difficultés épineuses qui ont trait notamment au coût de fabrication qui ne cesse d'augmenter suite à la révision à la hausse du prix de certaines matières premières. La compétitivité est devenue rude sur le marché international et seules les entreprises les plus compétitives ont droit à une place au soleil. Le temps est venu pour trouver des solutions tangibles au sujet du coût de production, de l'accès au financement, de la diversification des marchés pour accroître nos exportations et améliorer les recettes de l'Etat. La productivité doit retrouver sa place dans nos entreprises pour qu'elles puissent se positionner sur le marché international. Le rythme de la production dans toutes les entreprises est appelé à devenir plus rapide afin de produire plus et d'exporter vers les différents marchés extérieurs. Il s'agit aussi de continuer à lutter efficacement contre la corruption et le marché parallèle afin de donner plus d'atouts aux entreprises et leur ouvrir la voie de la performance. Les réformes effectuées dans le secteur bancaire et qui se sont traduites notamment par la restructuration des banques publiques, à savoir la Société tunisienne de banque, la Banque de l'habitat et la Banque nationale agricole, ont donné de bons résultats et ces établissements ont continué leur mission en contribuant au financement de l'économie nationale sur des bases solides et transparentes. Ils sont, désormais, capables de faire face à une concurrence farouche imposée par les banques privées locales et étrangères. Déficit des caisses sociales Par ailleurs, des réformes structurelles sont nécessaires dans les entreprises publiques comme les caisses sociales (Cnss et Cnrps). Ces deux caisses ont joué durant des années un rôle important en faveur des fonctionnaires et des travailleurs aussi bien du secteur public que du secteur privé. Au fil des ans, elles ont accumulé des déficits que l'Etat ne peut plus supporter car cela constitue un lourd fardeau pour toute la collectivité publique. Ainsi, il est question de trouver des solutions radicales pour permettre à ces caisses de continuer à assumer leur mission et à réaliser leur équilibre financier. Plusieurs idées ont été lancées suite à des études élaborées par des spécialistes comme le report de l'âge de la retraite à 62 ans ou 64 ans sur demande de l'employé. Des spécialistes ont proposé aussi une majoration de la participation des employés aux caisses sociales en contrepartie des prestations sociales et sanitaires dont ils bénéficient. Un projet de loi pour la réforme de la Cnrps et un projet de décret pour la Cnss sont déjà disponibles. Entreprises publiques inefficaces S'agissant des entreprises publiques, le constat est négatif dans la mesure où nombre de ces entreprises — comme celles qui opèrent dans le secteur du transport — sont déficitaires. L'intention de l'Etat n'est pas de privatiser ces entreprises qui fournissent un service public important mais de les restructurer afin qu'elles continuent à s'acquitter de leur devoir dans de bonnes conditions de performances. Il s'est avéré que certaines entreprises publiques comptent un surplus d'effectif suite à des recrutements anarchiques ou peu étudiés. Ce qui fait que certains employés perçoivent un salaire sans vraiment faire quelque chose d'utile. Il s'agit donc de faire un redéploiement de ces employés et de les former au besoin avant de les charger de certaines tâches précises. L'Etat est appelé à maîtriser la masse salariale en offrant aux employés et sous certaines conditions la possibilité de partir à la retraite anticipée ou effectuer un départ volontaire. Les recrutements sont également gelés sauf pour le remplacemernt des postes vacants. Autant de mesures qui visent, en définitive, à alléger les administrations et les entreprises publiques pour équilibrer leurs finances mais aussi pour renforcer leur efficience. Les réformes sont axées également sur le modèle de la gouvernance qui doit être rationnel, transparent et efficace. Après l'entrée en vigueur de ces réformes, ces entreprises publiques doivent retrouver leur élan et fonctionner dans un environnement compétitif et durable. Attraction des investissements extérieurs Le gouvernement a manifesté sa volonté de passer à la réforme des structures publiques, car le coût de la non-réforme est beaucoup plus important que celui de la réforme. Ce n'est que de cette façon qu'il est possible d'équilibrer les finances publiques et d'améliorer le rendement des institutions publiques. Celles-ci doivent bien jouer leur rôle dans les activités socioéconomiques pour rendre la destination Tunisie attirante des investissements étrangers à valeur ajoutée. Plusieurs textes de loi favorisant l'investissement ont été promulgués comme la nouvelle loi sur l'investissement qui comporte plusieurs avantages pour tout promoteur qui veut installer ses unités à l'intérieur du pays et notamment dans les zones dites «de développement régional». Il s'agit d'encourager les investisseurs à recruter de la main-d'œuvre tunisienne qualifiée pour réduire le taux du chômage. L'infrastructure de base, les équipements collectifs et les commodités sont déjà disponibles pour que les entreprises puissent commencer à travailler dans un environnement compétitif. Le programme comporte d'autres projets importants pour faire de la Tunisie un vrai pôle de compétitivité apte à accueillir les investissements de toutes les nationalités. L'encouragement de l'initiative privée est également un choix adopté pour permettre aux jeunes diplômés du supérieur de monter leur propre projet en bénéficiant de l'accompagnement depuis l'idée du projet jusqu'à sa concrétisation en bénéficiant d'une aide pour l'accès au financement. L'adoption de la loi sur les start-up Act constitue une nouvelle voie qui ouvre les horizons aux jeunes promoteurs voulant intégrer la vie professionnelle en montant un projet dans les technologies de pointe.