L'arrestation des supporters espérantistes au Caire, à l'occasion de la demi-finale aller entre Al Ahly et l'Espérance, a remis sur scène la question de la violence dans les stades. Cette fois-ci, on a exporté le fléau des fumigènes hors de nos frontières. Le nouveau-né tunisien, la radio "Shems FM", a organisé, mercredi dernier, un débat spécial sur la violence dans les stades, animé par Imed Ktata et auquel ont pris part, entre autres, Slim Chiboub, Moncef Foudhaïli et Fathi El Mouldi. Sans détour, les intervenants ont décortiqué avec des mots, les maux qu'occasionne la violence de nos stades. Si on s'est félicité de la libération des 14 supporters espérantistes, on s'est penché sur le fléau majeur et récurrent dans les stades : les fumigènes. Réviser la loi Pour Me Moncef Foudhaïli, la loi de 1994, relevant de la législation juridique sportive, n'est plus d'actualité : "Il y a un diagnostic à faire. La loi de 1994 n'est plus d'actualité, car les temps ont changé. Il est nécessaire de mettre en application l'interdiction au stade, aux supporters qui enfreignent la loi, en leur imposant de se présenter au poste de police le jour du match. C'est en appliquant et en révisant nos lois, qu'on peut éradiquer ce fléau, comme l'a fait l'Angleterre avec les hooligans.", a noté Me Foudhaïli. Dans le même contexte juridique, Fathi El Mouldi estime que: "Les textes de loi existent, notamment ceux qui stipulent l'interdiction d'entrée aux stades. On n'a qu'à appliquer la loi." "Eddakhla, une forme d'expression" Pour sa part, M. Slim Chiboub, président du Comité national olympique tunisien, est revenu sur la suppression d'Eddakhla : "C'est une forme d'expression. A mon avis, lancer un fumigène est un acte de rébellion, car on prive les supporters d'une forme d'expression. Ceux qui font "Eddakhla" sont des créateurs. Des termes comme Zapata ou Che Guevara n'ont pas leur raison d'être dans un stade de football. Au lieu d'interdire "Eddakhla", il faut juste se référer aux lois de la Fifa, en interdisant les slogans faisant allusion à la religion, la politique ou le racisme.", a expliqué le président du Cnot, qui estime que : "Les lois sont suffisantes. Il faut avoir le courage de les appliquer". Le débat, fructueux car franc, a décortiqué les causes qui amènent un comportement violent chez le supporter. Parmi les causes évoquées, le temps souvent infernal qu'on met sur la route du stade, qui avoisine des fois les trois heures. Dans d'autres pays, comme le stade de Galatasaray à Istanbul, les spectateurs entrent et sortent dans un temps record, note M. Chiboub. Dans d'autres pays, souligne pour sa part M. Mouldi, 100.000 supporters entrent et sortent du stade en seulement un quart d'heure. Parmi les recommandations évoquées dans le débat, une meilleure structuration des comités de supporters. L'initiative de Shems FM est louable, non pas parce qu'elle a émis sur ses ondes un débat qui colle à l'actualité, mais parce qu'on est sorti des sentiers battus, pointant les maux de notre sport, par des mots justes.