Selon le ministre de la Santé, le mouvement de grève des jeunes médecins «est un peu exagéré». C'était en marge des activités du dialogue sociétal autour des politiques, stratégies et plans nationaux de santé. Il faut noter, en effet, que l'Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM) a décidé d'entamer une grève de trois jours à commencer d'hier (6 février 2018). Les grévistes tiennent à préciser quelques points techniques en vue de rassurer l'opinion publique. Les résidents et internes dans les services des urgences et de réanimation, travailleront normalement. Par contre, ceux qui exercent dans les services sanitaires des différents établissements hospitaliers publics seront en grève générale. Cette action est la conséquence de la non-application, du côté du ministère de la Santé publique (MSP) de l'accord de février 2017. Il s'agit de proclamer un statut particulier des jeunes médecins volontaires, internes et résidents. D'après l'OTJM, un projet, dans ce sens, a été envoyé à la Présidence du gouvernement pour avis. Ce document a été, ensuite, renvoyé au ministère de tutelle depuis le 23 novembre dernier. Jusqu'à présent, aucune décision n'a été prise. Question de cotutelle Sur ce point, il faut signaler que le dossier de ces médecins demeure à cheval entre le ministère de la Santé publique (MSP) ainsi que celui du ministère de l'Enseignement supérieur (MES). D'où la nécessaire coordination entre les deux départements pour trouver une issue favorable à cette situation assez délicate. C'est, justement, ce qu'a tenu à souligner le ministre de la Santé qui a affirmé que « certains points n'ont pas encore été discutés », tout simplement, parce qu'ils relèvent des prérogatives du MES. Les protestataires accordent, d'ailleurs, un mois aux autorités pour publier le décret relatif à ce statut. S'agissant des modalités à suivre pour le déroulement de cette grève de trois jours, elles ont été fixées par l'OTJM. Il est question, d'abord, de boycotter toutes les activités universitaires sans exception ainsi que les stages. Ensuite, il est demandé à tous les médecins résidents et stagiaires de boycotter les activités sanitaires à l'exception de celles qui sont rattachées aux services de permanence, des urgences et de réanimation. Les services des urgences seront assurés de 20h00 à 8h00 du jour suivant pour garantir les prestations vitales. M. Imed Hammami, ministre de la Santé, a été clair, hier, lors de sa participation aux travaux du Dialogue sociétal. Il s'est dit étonné du maintien de cette grève malgré la disposition de son département au dialogue avec les jeunes médecins. Trois jours, estime-t-il, c'est trop. Cela ne fait que compliquer la situation d'autant que la cotutelle des deux ministères nécessite un travail en commun. Les médecins, eux-mêmes, ont exprimé leur considération aux efforts de leur ministère et sa compréhension des revendications, particulièrement, lors de la réunion du 2 février dernier. Exode des cerveaux Au cours de cette réunion, il a été question de la proclamation du statut, de sa soumission à la Présidence du gouvernement et de l'émission de l'avis du Tribunal administratif. Il faut, sûrement, plus de marge de manœuvre pour le MSP et pour les autorités de tutelle afin de parvenir à la résolution de cette question et accéder aux revendications des grévistes. Celles-ci sont diverses et demandent un temps de réflexion pour aboutir à des résultats positifs. Les dossiers en instance selon l'OTJM sont nombreux et concernent des points qui ont été au centre des débats, à savoir la réforme des études médicales, le statut des internes et résidents ainsi que le service civil. La question de l'exode des cerveaux et des compétences médicales est mise en relief aujourd'hui. On pense qu'une bonne moitié des nouveaux diplômés en médecine quitte la Tunisie vers les pays du Golfe, l'Allemagne et la France. Dans ce dernier pays, les « concours d'équivalence » voient un taux de réussite élevé pour les Tunisiens, dont la formation est de qualité par rapport à leurs homologues des autres pays en développement. Pour la seule spécialité d'anesthésiste, les Tunisiens ont raflé la moitié des 40 postes disponibles en 2017 affirmait le journal Le Monde. En outre, selon Sigma Conseil 45% des jeunes médecins inscrits l'année dernière à l'Ordre des médecins ont quitté la Tunisie.